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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 11-03-2011 à 15:14:11

Verlaine sur le boul' Mich.

Imaginons la scène. Verlaine est au bout de son douloureux chemin. Ou presque. II va d'hôtels sordides en hôpitaux, traînant un corps qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. L'alcool, les épreuves, la douleur amoureuse, et tout simplement le temps l'ont sculpté pour son dernier pèlerinage urbain. C'est probablement sur le "boul' Mich" chanté par Carco qui l'y aura vu (ne conte-t-il pas l'histoire du bouquet de violettes qu'il lui fait porter), que Verlaine conduit ses pas maladroits, la canne tendue comme celle de l'aveugle. Des passants le bousculent qui ne le reconnaissent pas (le connaissent-ils seulement). Mais Cazals est là, le bon, le dévoué, le précieux Cazals qui soutiendra le misérable vieillard en ses derniers jours.
Lui même brillant dessinateur, auteur de poèmes, familier des cabarets littéraires, auteur du légendaire "Jardin des Ronces" (publié en 1902, recueil de poèmes et chansons du pays latin contenant, outre un privilège d'Ubu roy, accordé par Jarry, une préface de Rachilde, des inédits de Verlaine et Gustave Le Rouge, une préface d'Albert Mérat, rien que du beau monde).
Le dessin de Cazals est prompt, vif, comme le flash de la photographie il arrache un instant, et toute la force des sentiments qui l'accompagnent.

 

Commentaires

saintsonge le 14-03-2011 à 11:39:58
Oui, vu ainsi.... Pourvu que ce ne soit de Tristan Corbière : "c'est le bon riche, et le vieux pauvre en Bretagne...." !... Lui est dans le Topos, et je suis tout au Kairos... Le ciel du jour vous tienne en Joie !
sorel le 14-03-2011 à 10:10:54
Bien vu le croquis où deux copains mesurent la distance (relative) que le temps a creusé entre eux. Le plus fort des deux n'est pas celui que l'on pense.
saintsonge le 11-03-2011 à 19:30:24
Bien aise, et ravi,

de l'entr'apercevoir ici !

(ce dessin agrémenté du vers)....

tout en revenant de l'expo sur le Japon ; j'y ai rencontré le sénateur-maire, que j'appelais Philippe, du temps où nous nous voyons très souvent, avant son élection -

Je t'appelle comment, maintenant , lui-dis-je ?

- ....(il baisse la tête)

- Alors, mon ami, Philippe, cher Philippe, ou monsieur le Sénateur ?

- ....Ah....rien du tout...!!

- Un sénateur-maire, c'est rien du tout ? (pensais-je....) ; il m'a parlé droit dans ses yeux bleus, un bon quart d'heure, me demandant si j'allais bien...

Mon cher ami (là, c'est à vous que je m'adresse), je n'ai même pas su lui demander quelque chose, je suis resté peu à l'aise avec l'immense chance qui m'a été donné de parler avec lui, très très pris, et, je n'ai rien su demander... Nous avons évoqué le Japon (bien sûr ; d'un humour à la Hokusaï - hibou sur les roseaux, ou vent sur la célèbre Vague -, lui ai dit : j'espère que votre expo n'a pas provoqué ce violent séisme, 1/5 du nucléaire fermé ?....)

- Voilà pour un "croquis" douarneniste dans cette Fête non moins Galante, s'il en est....

Il finit par me dire : dès que tu reviens sur Paris, Bertrand, passe me voir au Sénat !

(cher ami - toujours vous -, qu'y vais-je aller faire , et demander " comme la voix d'un mort qui chanterait / du fond de sa fosse..." ?) L'horizon est rose, ce soir, en fumerolles de papier... Le tout bleu a su chasser aussi mon tout gris - intérieur.

Les bons contacts me ravivent et me ravigotent , voyez !!...J'ai pris quelques shushis pour vous...