Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 12-03-2011 à 10:50:22
Wols et le dessin de téléphone.
A quoi tient la magie du dessin quand Wols en déroule (enroule et noue) le fil aussi chargé d'émotion qu'un frisson sur la peau. Car c'est un dessin à vif. D'ordinaire lourd d'angoisse, encore que parfois il annonce une sorte de jubilation intime. A quelle frontière se situe le passage de la joie à la peine, de l'espoir au chagrin, car Wols dessine comme quand au téléphone on se laisse aller à faire courir un crayon qui s'invente lui même des itinéraires, des fantaisies, des circuits bizarres où les psychanalystes prétendent pouvoir découvrir votre vie intérieure.
L'aquarelle, posée en fines zones aux allures de voilages dans le vent flottant, sont là pour donner une sorte de respiration au graphisme. Elle l'accompagne, elle en est l'oxygène, cette élasticité qui projette le dessin dans l'espace de la vie.
Alors, chacun, selon qu'il l'aborde à l'instant d'une humeur badine, ou, au contraire, dans les spasmes de l'angoisse, y verra un itinéraire que l'on dirait fait pour répondre à toutes les questions. Non qu'il se trahisse en disant une chose et son contraire, mais , sans doute, et paradoxalement, plus porté au pessimisme quand il est chargé, et comme délivré de toute contrainte quand il file comme le poisson dans l'onde et qu'on ne parvient à saisir.
Wols aurait la peine lourde et la joie furtive.