Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 20-03-2011 à 11:19:08
Wols à voir en peinture.
Comment une "affaire personnelle" entraîne une adhésion inattendue.
Les faits : Critique d'art débutant, je me permets de dire le plus grand mal d'une exposition de Wols (peinture) dont j'ignorais alors tout. Lettre furieuse de sa veuve, Gretty, à mon "patron" de journal, demandant mon renvoi pour incompétence. Ce dernier, par bonheur, ignorait tout de Wols et les reproductions dont il pris connaissance l'horrifiaient tellement qu'il en était presque à m'approuver dans mon jugement (hâtif).
Le temps passant, je découvrais enfin Wols dans toute l'étendue de son travail, et en particulier les aquarelles qui sont bien à mettre au niveau de qualité de celles d'un Klee par exemple.`
Gretty, "la veuve abusive", était un personnage légendaire dans le Paris des années 60. Elle tenait un bar gay (déjà, à l'époque) du côté de la rue Saint Charles. Me voyant progressivement apprécier le travail de son époux défunt (et gagnant une audience internationale) elle revint sur ses premières impressions et me couvrait de documents relatifs au peintre.
Le peintre, oui, dans la dépense excessive de matière pour s'exprimer. Car dans des moments d'exaltation (de fureur ?), il accumule les coulées, les jetées sur la toile. Là où Mathieu, à la même époque, va vers l'économie, le signe zen, Wols entasse, accumule, jusqu'à gommer l'élan primitif et offrir un magma informe (indigeste ?) qui contrairement à l'aquarelle écrase le regard, sans le combler.
Pourtant, si l'on dépasse la première impression d'écrasement, on perçoit l'émergence de formes fantomatiques, dans la lourdeur ambiante. C'est comme un cri déjà étouffé, à moins que ce soit un murmure que l'on perçoit comme celui d'une victime enfermée dans les décombres qui la menacent.
On passe de l'a finesse graphique de Klee (marchand d'oiseaux chamarrés) à la pesanteur maladive d'un Munch, l'expression d'une angoisse qui sourd des profondeurs de la conscience.
C'est parce qu'elle est l'expression de l'immédiat que l'aquarelle peut se lire d'un seul trait, dans la fulgurance, alors que la peinture est une longue approche de la douleur, du doute, le champ actif (et désordonné) d'une bataille intime. Il n'y a pas de vainqueur.
Commentaires
ah oui, si "virulent" étiez-vous à vos débuts, du moins à l'égard de celui qui me fait penser aux dessins mescaliniens de Michaux, aussi, non ?..
Le bon dimanche !
La nappe céleste bleue est dressée par ici.... pour quel frugal repas ...d' OISIFS ?