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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 22-03-2011 à 16:48:24

Poème en devenir.

Extrait d'un livre en gestation  dans le cycle de "La Théorie des traces."

C'est un souvenir très doux, très lent, des mots entendus, des mots enfuis, quand le temps a fait son chemin et que l'orage gronde que j'attends depuis longtemps.
Il a fait le gros dos, là-bas, au loin, sur les cimes de ces montagnes de légende que je n'ai jamais gravies mais qui m'étaient promises dans mes livres de classe quand je m'ennuyais très fort à Bretigny sur Orge, au château La Fontaine, souviens toi comme j'en aimais les jardins prétentieux qui se prenaient pour ceux de Versailles mais dont je gravissais les allées gravillonnées aux côtés d'un  jeune ami à qui j'avais promis que je serai poète. L'ai-je seulement été et les promesses ne furent-elles pas trahies comme le sont les rêves d'enfants trop seuls dans leurs tête folle même si des mains distraites en les caressant tendrement, assurent qu'elles ont tout le prix de l'innocence. C'était le temps des grandes solitudes, mais toute la vie n'est-elle pas finalement une course de fond dans le fond de cette austère vallée où l'on se retrouve à chaque tournant si loin de ce que l'on avait rêvé, fou de s'y être fait une ressemblance avec des héros volés aux livres que l'on a pas écrit même si on eu souhaité en être les talentueux auteurs.
C'est un souvenir très doux, et lent, des images qui naissaient au coin des épopées où se brisaient des turbulences qui n'avaient que la dimension des coups et blessures d'une cour de récréation. La violence, à l'âge des tâches d'encre sur les genoux, c'est bien celle d'un rêve qui n'a pas encore pris corps. Et qui s'agite en se mêlant à l'ardeur de notre sang. Il n'a pas connu l'amour même s'il y croit, et de blessure n'a encore rencontré que celle d'un poing trop vif mais qui aura su être amical, le moment venu. Et puis la vrai violence de la rue a surgie, autant que ses brillantes promesses. Dans l'odeur de l'encens, quand on élève le saint sacrement on plie la tête comme devant la montée des merveilles quand ce n'est qu'une fade hostie dont on ne peut même pas se faire une douceur pour les papilles. Dieu chez nous emprunte d'austères chemins et bientôt on ne croît même plus à ses mérites quand on l'accuse de tous nos maux.
En remuant des images quand a l'âge de le faire avec une gravité qui est celle des regrets autant que des souvenirs, on ne s'épargne pas le risque de rencontres qui sont comme celle de fantômes au coin  d'un  couloir dans un vieux château décrépis qu'on aura conquis en des jeux moins innocents qu'on le prétend quand on les anime pour donner quelque lustre à des journées trop longues d'un soit disant bel été. Les étés ne sont jamais beaux qui ne sont que de longues phrases de chaleur et de crépitement d'insectes tout étourdis alors que l'on ne sait pas encore dans quel désastre de raison on va devoir s'engager. On est alors tout entier dans son intime délire, et les plus faibles y laissent leur vie ou leur vertu. D'autres, mieux lotis, rejoignent, sans y croire, l'armée des soumis qui vont construire une société bancale d'être si loin des rêves que l'on avait formulés pour elle.
C'est comme un  vieux refrain dont on a retenu la musique mais les paroles viennent en saccades avec de brusques arrêts, des oublis qui en disent long sur notre légèreté d'être si loin du coeur vibrant de notre destin, car il y est enclos, il y est dessiné mais on n'a pas su voir du bon côté, on a perdu trop de temps loin de ce qui devait décider de nous, en musardant dans des sentiers qui ne mènent à rien. Au nom du coeur que l'on croît ardent quand il n'est que futile, on se sera égaré loin de son île, comme Ulysse qui tarde tant à revenir au foyer et laisse Pénélope au centre d'un cercle de vaniteux qui veulent sa place.
Un chemin droit nous avait été promis, on nous l'a dit, on en a fait un prétexte à quelques dévotions, mais là encore dans l'ombre de l'Eglise où tout bouleversé on se forgeait un destin magnifique, déjà se fomentait le mal qui allait nous conduire là où il ne fallait pas. Là d'où, désormais, on ne partira pas. La fatigue a marqué nos membres, et tout perclus de remords on ne peut que regarder l'abîme qui s'est ouvert sous nos pas. Je parlais d'orage, il ne faut pas oublier le désolant paysage que l'on a conçu pour l'accueillir. L'affronter. De lui, forgé aux fureurs des rêves piétinés, ou de nous, depuis longtemps soumis, et la tête basse (comme devant l'hostie), le vainqueur ne sera pas long à se faire valoir..
Voilà ce que disent les mots oubliés, et les images déchiffrées après tant d'années d'oubli, et l'égarement qui nous a conduit si loin du chemin promis et pour nous tracé par la main de Dieu nous disaient ceux qui nous apprenaient à parler latin et lire Eschyle dans le texte. Il y avait beaucoup de sang et de terreur dans ces vers superbes et ces imprécations splendides. On aurait du se méfier. Si on apprend notre futur dans l'Evangile il ne faut pas s'étonner d'être crucifié sur nos rêves les plus secrets.
On demandait aux poètes des leçons plus mystérieuses, avec parfois un parfum inconnu et qu'on nous disait illicite, mais on ne les lisait que dans de mauvaises brochures, et il faut des livres à la hauteur des mots qu'ils distillent pour donner au poème sa vertu et sa portée. Des pages impérieuses, ou si secrètes qu'on ne les feuillette que dans de plus intimes duos qui ne sont pas loin des leçons d'amour qui furent les plus paisibles à répéter, mais là aussi on est parfois un bien mauvais élève.


 

Commentaires

corail le 23-03-2011 à 12:00:04
en effet, "poème en devenir" est un titre qui convainq de l'inusabilité, les mots escamotés jaillissent en d'autres termes, qui fait de la nostalgie une maladie en inccubaion dont on sait que l'on est déja guéri
saintsonge le 22-03-2011 à 17:35:09
....Et, "à paraître" quand , où, comment, par qui, pourquoi, suite à L'autre-et-amont ? Un aval ?... Qu'est-ce ?...Livre, extrait de revue, recueil ?...Ah !... Mais "on ne promet pas d'être poète", tout comme on ne le devient pas, c'est dans le sang, tout ça, on naît / EST... Bon, j'avais bien perçu, bien sûr, mais...Fable de votre Olympe et de quelque Styx de Jeunesse, qu'elle ?... Poésies diverses, signées : à Madame... ? Quels pavots que le sommeil répand sur ce coeur nouveau, dites ?... "Le loup et le renard sont d'étranges voisins ; / Je ne bâtirai point autour de leur demeure. / Ce dernier guettait à toute heure....", ma foi, c'est un bien joli château que celui du fabuliste ....Merveilles par vôtre ciel , alors !.... Par vos "clartés errantes..."

Un titre (ou c'est le titre que ce "poème en devenir" ?)