Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 24-03-2011 à 10:30:38
Gina Pane le corps en souffrance.
Un imbécile a porté à la déchéterie une sculpture de Gina Pane démontée et qui pour un non averti pouvait passer pour de simples lames de métal, dont, de surcroît, on ne pouvait bien identifier l'usage. C'est le problème de bien des oeuvres d'aujourd'hui qui se confondent souvent avec des objets de notre vie quotidienne (et ne deviennent artistiques que par le choix de l'artiste : voir l'exemple de Duchamp). On cite toujours en exemple, le tas de charbon (de l'italien Merz) balayé par un ouvrier du Musée d'art moderne de la ville de Paris, ignorant qu'il s'agissait d'une oeuvre éminemment reconnue par les spécialistes.
La sculpture de Gina Pane était un cadeau de cette dernière, du temps où elle pratiquait encore (mais avec des vues pénétrantes sur son futur) l'art qui se voulait "géométrique". Ses premières expositions parisiennes la situait dans cette voie.
Assez rapidement elle s'éloigne de ces recherches strictement plastiques pour se donner toute entière dans l'art corporel.
C'est à l'usage strict de son corps, des mises à l'épreuve auxquelles on le soumettait, que l'artiste exprimait ses sentiments, ses concepts, sa notion de la destinée qui lui était accordée.
A l'époque de la lutte des femmes pour une reconnaissance de leur sexe (les années 70,) Gina Pane mettait en lumière les aspects spécifiques de la condition féminine.
Rapports du corps avec la douleur, irruption du sang comme facteur d'expression de cette douleur. Elle se manifestait en public (galerie Stadler) et les photos que l'on faisait alors devenaient non seulement des preuves de l'action mais des oeuvres d'art.
C'est cette suite logique de l'action à sa mémorisation photographique qui met la photographie en première position et lui donne le statut d'oeuvre d'art, témoin d'un instant fugitif mais intense.