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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 28-04-2011 à 09:38:37

L'écritoire d'Emily Brontë.

Le lieu de l'écriture, les instruments qui y participent en disent long sur les rapports de l'écrivain avec les mots. Le bureau ( lieu et meuble) assure le continu d'un travail, son "sérieux". C'est le propre de l'écrivain professionnel ( l'homme de lettres - de l'être ? -) tandis que seulement inscrit dans le rythme du quotidien, l'absence de bureau trahit un rapport moins pesant avec l'écriture encore qu'il n'en est pas moins intense pour autant (parfois même il l'est plus !).
On peut écrire n'importe ou, et de manière impromptue, entre d'autres activités. C'est alors sous le couvert d'une nécessité et  non d'un métier. Un rapport qui peut être plus sensuel et vécu avec l'intensité que l'on met à la pratique de chaque chose.
C'était le cas d'Emily Brontë dont on sait qu'elle fut une femme très attentive (et non esclave) aux activités domestiques.
C'est dans la cuisine de la maison familiale (à l'entretien de laquelle elle s'attachait) qu'elle écrivait. Comme une sorte de récréation entre les tâches du quotidien, portant en elle, en constante attention et vécue avec l'intensité de l'imaginaire, les pages brûlantes de son roman "Wuthering Heighs". Vivant dans l'intimité de ses personnages le plumeau à la main, sans croire déchoir à s'y astreindre. Se projetant dans le temps du labeur domestique dans les arcanes d'amours malheureuses et tragiques. C'est le cas des ouvrages qui répondent à une nécessité de leur auteur, une projection de leur vie intérieure.
Alors les instruments de l'écriture sont à l'égal des objets de la vie pratique, et dans la simplicité absolue de leur seule nécessité. L'écritoire c'est le résumé du bureau, sa miniaturisation, adaptable à toutes circonstances, en tout lieu. Pour une écriture de l'urgence.

 

Commentaires

sorel le 28-04-2011 à 22:20:14
autre chose encore, et pour vous amuser : Diderot écrivait en portant une vieille robe de chambre et il essuyait ses plumes sur les manches. Quand sa mécène Catherine II tzarine lui offrit une robe de chambre neuve il l'a négligea ; Balzac écrivait en se vêtant d'une robe de bure comme un moine, et Henry Miller écrivait nu ou au mieux avec un maillot de bain. Alors portez heureuse votre gilet gris.
sorel le 28-04-2011 à 14:54:01
Qu'importe le chef d'oeuvre et c'est si relatif. En revanche ce qui compte c'est le plaisir d'écrire. Une sorte de jouissance accordée à l'esprit. Alors, comme pour l'amour, on se glisse dans un rituel pour écrire. Chacun le sien. Que vos crayons courent d'allégresse sur le papier (et les carnets !)
katherine le 28-04-2011 à 12:48:15
je ne suis qu'une minuscule "écrivaine", de celles qui écrivent sur des blogs, mais aussi sur de nombreux carnets, chosisis avec soin et souvent payés un peu chers. J'ai aussi tout un stock de jolis crayons, que je ne supporte pas que l'on m'emprunte, tout cela sur un joli bureau peint en noir et bleu, tous mes carnets sont sous clef, et il faut avoir beaucoup de ma confiance pour que je les laisse lire ! Et pourtant, je ne suis pas une écrivaine professionnelle, juste une comptable qui prend beaucoup de plaisir à regarder les mots courir ou ralentir sur la feuille.

Et je ne sais si Emily Brontë s'habillait d'une certaine façon pour écrire, mais moi, j'aime m'envelopper dans un vieux gilet gris tout doux, qui git sur le dossier de ma chaise, mais je sais que cela ne suffira pas à faire un chef d'oeuvre !