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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 21-05-2011 à 11:29:00

Pierre Reverdy à Montmartre.

Gamin encore, et mal dégourdi, pris en main par un lointain cousin, grand d'Espagne et coiffeur de métier (il coupait les cheveux des stars du cinéma d'alors et me traînait derrière lui pour combler ma curiosité) je déambulais les jeudi et les dimanche dans les rues pentues de la Butte Montmartre dont il connaissait (en riverain) tous les secrets.
Sa culture était vaste et désordonnée. Il me faisait découvrir les traces des peintres et poètes qui avaient encore laissés là leurs souvenirs devenus des légendes (les choses ont bien changées). Il me faisait descendre l'escalier de mauvais bois du Bateau Lavoir, pour retrouver le souvenir de Max Jacob, de Domergue et de Picasso. Pour un peu on pourrait croire qu'il les avait rencontrés. Passant devant un  sobre immeuble dominé par une haut grenier et sa lucarne ovale il me déclarait : - c'est là que vivait Pierre Reverdy.
Il semblait porter une attention particulière à ce poète qui n'aura jamais atteint la gloire universelle s'il retient l'attention (et la passion) d'une élite.
C'est bien plus tard, dans le sillage de l'Ecole de Rochefort dont Jean Rousselot était alors le plus pressant ambassadeur, que je découvrais les poèmes d'une couleur quasi monastique qui ont séduits toute cette génération, et jusqu'aux surréalistes qui ont finalement leurs racines chez Valery (quel paradoxe) et Reverdy qui les avait accueillis dans sa revue "Nord Sud". Allusion à la ligne de métro qui portait longtemps ce nom et ralliait Montmartre à Montparnasse.
Les voitures bringuebalaient dans un jeu brillant de cuivre et d'émail avec le joli dessin 1900 des sigles du Métropolitain. Cordon ombilical des forces poétiques qui défient le temps.


 

Commentaires

Saintsonge le 21-05-2011 à 19:13:44
aussi "létal et aveuglant" que le manteau de Jésus qui devint d'une blancheur éclatante alors qu'il priait auprès de ses apôtres choisis ?...

Que nenni, je n'oublie pas puisque mon ami Pierre Dhainaut me rappelle le sien dans son dernier courrier (j'ai longue, très longues correspondances avec lui depuis.... 1988 !..), mais le virtuel fait que vous n'en avez aucun !.. Ceci dit , né en 1957, je traînais dans les étoiles encore....au temps où vous flirtiez déjà les Muses !...

Point de bords célestes, itou, tout le jour, ici... C'est Hymne à l' Univers, dirait Pierre Teilhard de Chardin ! Le Bon Soir....!
sorel le 21-05-2011 à 18:50:12
Il est déplié puisque le ciel n'a plus de bords, ni de limites, à l'étal, aveuglant. Vous oubliez que je suis vieux. Je parle des années 45-48, peut-être n'étiez vous pas né.
Saintsonge le 21-05-2011 à 11:41:59
Etiez-vous dans les années 78/81 au Bateau Lavoir, époques où j'y allais ?... Alors, si je me souviens bien, je m'asseyais sur une des tables à gauche de la porte d'entrée, au milieu, ...

Collection que j'achetais en plus, à l'époque, aussi... J'en eus beaucoup....

Ce jour, ciel d'un bleu de Baïkal (le lac)..., sans "épaves" de nuages.

Qu'il vous tienne en joie poétique !...(par jeux d'images ; votre jour s'est-il aussi "déplié comme une nappe blanche" ?)

"Le poète est un four à brûler le réel..."