Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 05-06-2011 à 10:10:00
Pourquoi écrivez-vous ?
Les Surréalistes avaient posé la question à une bonne centaine de l'élite littéraire perçue dans son sens le plus large et privilégiant ceux qu'ils méprisaient, un peu par moquerie, surtout par provocation. Mais n'en n'est-ce pas une, fondamentalement. Et qui peut répondre avec la plus évidente honnêteté à une question qui est aussi bizarre que perfide.
Savoir pourquoi on écrit c'est déjà rendre possible qu'on ne le fasse plus. L'ignorant, on poursuit sa tâche, celle ci était justement le moteur de la question.
Avec son humour vachard et un peu facile, Willy avait pu déclarer : " Si l'Agriculture manque de bras la Littérature ne manque pas de pieds" Et c'est sur cette lancée discourtoise qu'il peut distinguer quelques belles réponses à un questionnaire , de cet acabit qui fut lancé dans les années 1890 aux écrivains de toutes catégories et de divers talents.
L'humour est souvent au rendez-vous. Jean Ajalbert (bien oublié) avoue qu'il "se le demande" ; Max Jacob, avec sa mine de moine facétieux fait jouer l'humilité "Pour mieux écrire" affirme-t-il non sans ouvrir une voie intéressante au problème ; Pierre Mille qui avait alors la gloire développe une idée qui est un aveu "parce que je n'ai réussi dans aucune profession, même inavouable" ; et d'autres, plus naïvement, tombant dans le panneau tendu : "parce que j'ai ça dans la peau" affirme Eugène Montfort et Marcelle Tinayre sortant les cors :" parce que c'est ma vocation, comme un pommier porte ses pommes".
Toujours d'actualité la question pourrait être posée aux fabricants de best-seller d'aujourd'hui.
Combien avoueront que c'est pour conforter leur compte en banque ?
Commentaires
alors est-ce à dire que les seuls écrivains passionnés sont les écrivains de l'ombre -ceux qui ne seront jamais publiés mais qui continuent quand même, ceux qui peu sûrs d'eux n'envoient jamais leurs manuscrits aux maisons d'édition ? Est-ce pour cela, qu'après voir écrit un best-seller, on se dit que l'écrivain recommence à chaque fois le même livre, pour recevoir les mêmes royalties ?
"Bon qu'à ça" avait répondu Beckett ; les "best-selleurs" n'écrivent pas, ils usinent , nuance fâcheuse, ils sont des contrevenants, contrebandiers, contrefaçons....
Sous une petite ondée qui minaude cette fois au ciel finistérien gris souris.