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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 09-06-2011 à 09:09:43

Léonor Fini se déguise.

On la rencontrait dans l'escalier sombre et solennel du 11 rue Payenne où habitait également André Pierre de Mandiargues. Un voisinage pour entrer dans la légende et évoluant dans le même monde entre raffinement et culture perverse.
A quelques années de là, en un second temps, il aura suffit de traverser la rue et de son nouvel appartement Mandiargues à vue directement sur l'entrée principale du musée Carnavalet. De ses fenêtres on aperçoit les deux figures ailées qui encadrent le porche ; Léonor Fini, elle, est face au parc (à l'intérieur, contre un mur aveugle est dressée une statue de divinité marine (?) dont le drapé épouse la forme du corps)
L'escalier qui conduit chez elle annonce déjà son appartement grâce  à l'odeur âcre des chats qui y font la loi. Entre les chevalets et les meubles anciens chargés de  bibelots et d'étranges choses, Lénor Fini évolue avec la même ondulation câline que ses félins. Féline elle-même avec son visage mangé par des yeux immenses et scrutateurs. Même chez elle, dans l'intimité, elle aime se parer de vêtements bizarres rapportés de ses lointains voyages. Se déguisant aussi pour un plaisir égoïste.
Le déguisement est l'art suprême du corps. Il lui invente de nouvelles natures, d'impossibles mesures de folie, le projette dans ses rêves les plus secrets. Quand le vêtement du quotidien (imposé par des règles sociales, des conventions, des usages), est l'ombre de celui qui le porte, le déguisement devient l'expression de soi, la revanche sur la banalité imposée.
Qui n'aura vu Max Ernst figure sortie d'un conte germanique, et en folle de quelque culte secret Lénor Fini capable de faire d'un simple pancho le manteau d'une déesse des tropiques, ne peut comprendre que se déguiser est un art.

 

Commentaires

katherine le 09-06-2011 à 11:09:38
je suis tout à fait d'accord avec vous sur la fonction du déguisement. Quelle jubilation quand soudain on peut revêtir des vêtements d'un autre temps, d'autres coutumes, on devient autre et on se sent pousser des ailes ! Aujourd'hui, on peut penser que la lingerie féminine est aussi une forme de déguisement !