Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 24-06-2011 à 09:31:35
Maurice Raphaël, un marginal.
Eric Losfeld a été, dans les années 50, le plus audacieux et le plus jovial des éditeurs qui se lançaient dans l'aventure en pratiquant une "politique" éditoriale qui défiait tous les principes adoptés dans son milieu. Moins soucieux de rentabilité qu'obéissant à ses pulsions culturelles. Il osait ressortir des textes oubliés, négligés, aller dans les chemins tortueux de l'insolite.
Marqué comme l'était l'époque par le prestige historique du surréalisme, il s'était rapproché d'André Breton et avec son aval, il éditait des textes que celui-ci cautionnait et se félicitait de voir sortir de l'oubli.
Explorateur de la littérature, Eric Losfeld s'attachait aussi à des singularités ou des auteurs marginaux. C'est ainsi qu'il édite Maurice Raphaël, un curieux personnage qui traînait avec lui une odeur de souffre (un peu comme Maurice Sachs) on le disait compromis pendant l'Occupation et mêlé à des bandes de voyous qui avaient largement profité des circonstances. Une légende ? Elle collait à la peau de Maurice Raphaël qui se révélait un écrivain singulier, hors norme que Breton un moment voulait "soutenir". Quelques livres de son cru ne connaissant aucun succès Maurice Raphaël se donne de nouvelles identités et écrit des "séries noires" sous le nom d'Ange Bastiani et quelques livres (guides) qui se spécialisaient dans les marges (lieux coquins). Cette double (multiples) face le marginalise radicalement, il est aujourd'hui relégué dans les curiosités littéraires.