Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 28-06-2011 à 10:32:59
Le cérémonial du martyr.
Toute mise à mort, si elle est publique, implique un cérémonial compliqué à forte charge symbolique. Sous l'ancien régime les supplices place de Grève (Hôtel de ville de Paris) attiraient d'immenses foules et des chroniqueurs malicieux (graveleux !) affirment que les attouchements érotiques y étaient monnaie courante. Et que de femmes se firent engrosser en palpitant aux horreurs qu'on leur donnait en spectacle (écartèlement, supplice de la roue, bûcher, le catalogue est aussi riche que cruel).
La mythologie catholique a largement exploité la mise à mort (selon des procédés finement étudiés pour amplifier la souffrance) et offert aux foules de multiples visions de martyr.
Celui-ci, procède d'un calcul presque scientifique qui met à mal le corps dans son intégrité, l'expose à des instruments qui le charcutent et font appel au besoin au feu qui gomme tout. On explore le corps avant de le réduire à néant (en cendre).
Lorsque la peinture s'empare du sujet (commandité par l'Eglise) pour exalter des souffrances physiques qui sont le prix à payer pour des convictions refusées par le pouvoir, elle s'applique à mettre en scène (non sans emphase) le cérémonial.
Bizarrement, les tortionnaires, sont souvent nus (et beaux), comme une sorte de dénonciation (fort ambigue) d'une virilité qui ne peut qu'être du côté du diable.
La technique de la souffrance (que l'Eglise catholique n'a pas hésité à utiliser durant l'Inquisition) fait écho à celle du Christ mis en croix, sinon que lui, rayonnant, n'échappe pas toujours à des complaisances esthétiques.
La piété passe par les chemins raboteux de l'érotisme.