Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 07-07-2011 à 13:38:08
Art brut, expression de la solitude.
En se posant comme un art "anticulturel" l'art brut affiche une indépendance qui ramène chacun de ses artisans à la solitude de sa création.
Fonctionnant de plus en plus dans un mouvement de progrès, s'appuyant sur la connaissance du passé (pour le nier) l'art en place fonctionne par groupes souvent articulés sur des théories, des références, des objectifs communs. Il épuise progressivement des "inventions" (ce sont les inventions qui servent de point d'appui pour un éventuel développement du groupe). On fonctionne dans une sorte de logique. Tout écart précipite celui qui s'y risque dans l'abandon comme quelqu'un qui s'écarte de la masse, de la pensée unique qu'elle diffuse et érige en dogme.
La pratique de l'art, non plus en suivant des mots d'ordre, des consignes, des modes, mais des élans propres, des motivations plus intimes, un rapport parfois fondamental avec un moyen d'expression qui n'est ni un luxe, ni une fantaisie, mais une sorte de respiration mentale (le sang d'une vie personnelle), maintient celui qui s'y adonne dans un solitude qui se confond souvent avec des problèmes mentaux. Raison pour laquelle ses artisans (des retraités, de marginaux, voire des fous) n'existent aux yeux des autres que par accident ou par suite d'avoir été repéré (récupéré) par un observateur plus attentif (plus fin) qui aura fait office de "passeur". S'il n'a pas manqué d'en tirer profit pour lui-même, Jean Dubuffet aura été l'un d'eux.