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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 09-07-2011 à 15:30:41

Jean Moréas plastronne.

Le 18 septembre 1886, un poète d'origine grec (Jean Papadiamantopoulos) admirateur de la poésie française et qui avait adopté le nom claironnant de Jean Moréas publie, dans le Figaro, un manifeste qui devait ouvrir la voie du Symbolisme. Façon d'en finir avec les tableautins rigides et emphatiques du Parnasse.
La "fin de siècle" est extraordinairement féconde en courants, écoles, chapelles qui se livrent à d'impétueux combats, les cafés du Quartier Latin étant le champ de bataille où exercer sa verve ; car ces remueurs d'idées étaient aussi volontiers des tribuns de bistros. L'allure, l'attitude choisie, et jusqu'à la manière de se vêtir comptent dans l'établissement d'une réputation, et l'importance de son crédit.
Les Stances restent l'ouvrage le plus célèbre de Jean Morèas et déjà s'y manifeste un revirement de l'auteur vers une forme de classicisme. C'est qu'ayant imposé le symbolisme il se refusera à y faire jouer la complexité du verbe qui deviendra presque ésotérique, quand Mallarmé le portera aux limites du possible.
Un esprit de clarté qui refuse l'échappée belle vers des zones incertaines de la conscience. Il reste un terrien.
Trop encombrée de théories la poésie de Morèas s'enferme sur ses préjugés. N'est-elle pas aussi prisonnière des mots dans leur définition la plus évidente, d'un partage aisé. Ce n'est pas avec des mots que l'on fait la poésie, mais avec ce qu'on en tire, la substance secrète, l'écho lointain de ses origines. Il doit faire rêver. Comme une femme, un mot a besoin d'être aimé pour ce qu'il a de plus secret.