Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 19-07-2011 à 21:28:40
Dufy fait naître Vénus à Deauville.
Quand Botticelli fait naître Vénus c'est dans tout un appareillage théâtral, des figures d'accompagnement de caractère mythologique, tout un contexte littéraire qu'il convient de déchiffrer pour apprécier pleinement l'esprit et le sens de son tableau.
Moderne, Dufy va vers des solutions plus radicales, simplifiées à l'extrême et la lecture du tableau s'inscrit plus volontiers dans un climat de réjouissances qui sont de son temps. Hymne d'abord à la mer. Vaste et prometteuse de délices naturels. Une mer de vacances, de plage mondaine, avec le jeu charmant et futile des voiles qui serpentent dans les courants de l'air que l'on devine parfumé des profondeurs marines.
Il n'est pas jusqu'au défilé malicieux des nuages qui ponctuent un ciel de plein été. Tout est dit du plaisir de la plage, de la complicité aimable des eaux qui sont celles des sports et d'une nature conçue (ou rêvée) pour le plaisir des sens.
Alors, posée sur le bord, presque en figure de caryatide, une baigneuse à l'écoute d'une conque où la légende veut qu'on entende la rumeur lointaine de la mer.
A l'écoute de lointains horizons marins, dans sa nudité innocente et tranquille, elle est une déesse de pacotille, comme on en voit dans les pièces d'Hoffmann, de pure convention, mais résumant dans une charmante simplicité toute la nostalgie d'un merveilleux qui vient de notre enfance et de son cortège de contes et légendes. Moins déesse que femme d'un aujourd'hui charmeur.