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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-07-2011 à 21:37:07

Apollinaire le modèle du flâneur.

Il y avait le "Guetteur mélancolique", il y a, d'une présence tenace, "Le flâneur des deux rives". Dans le titre même qu'il aura choisi, Apollinaire donne le ton. Il est exemplaire. Parler de l'art dans le rythme de la marche que justifie la recherche des oeuvres (visites des ateliers, des galeries, des musées), ouvre une perspective de lecture (d'analyse) qui défiera les lourdes théories, les discours pontifiants qui font écran à la lisibilité (l'amour) de l'oeuvre concernée.
Elle est la clef d'une approche de l'oeuvre d'art qui jouera de la spontanéité, de l'émotion, de la fraîcheur de la sensation, la meilleure mesure pour en apprécier la force et la valeur de communication (et d'expression) qu'elle est censée porter en elle.
Flâner est un art, dont Apollinaire savait, plus que quiconque, tirer toute la saveur.
Dans ma génération de "critiques d'art", qui venait de la littérature plutôt que de l'Université, cette manière de parcourir le territoire de la création nous paraissait la seule possible. Nous étions des piétons de Paris (l'allusion aux deux rives, désignait bien Paris comme lieu de prospection - et de flânerie), aussi bien portés à fouiner du côté de la poésie que de la peinture. Allions de bouquineries en galeries dans une continuité de lecture qui jetait des ponts entre littérature et arts plastiques. D'où l'éclectisme d'Apollinaire (souvent critiqué) et ce refus de monter des frontières entre les genres, osant des rapprochements qui font injure à la logique des théoriciens, mais relèvent des élans spontanés vers des oeuvres qui répondent à une forme de sensibilité à laquelle, en revanche, on était fidèle.
Apollinaire est alors un modèle. On va le suivre dans les méandres de sa démarche de piéton inspiré.