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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 27-07-2011 à 09:55:32

Emily Brontë vue par Georges Bataille.

D'emblée Georges Bataille situe Emily Brontë dans l'esprit qui va dominer son oeuvre : " Entre toutes les femmes Emily Brontë semble avoir été l'objet d'une malédiction privilégiée. Sa courte vie ne fut malheureuse que modérément. Mais, sa pureté morale intacte, elle eut de l'abîme du mal une expérience profonde. Encore que peu d'être aient été plus rigoureux, plus courageux, plus droit, elle alla jusqu'au bout de la connaissance du mal".
A quoi s'ajoute le cadre exceptionnelle dans lequel elle vivra, dans une intimité et une complicité faite de chaleur partagée avec son frère et ses soeurs pour vaincre l'ambiance morbide de leur environnement. Un presbytère austère au coeur d'une lande désolée.
"Par ses fenêtres à guillotine, le presbytère donne sur un jardin de quelques mètres, où poussent des groseilliers, puis immédiatement sur le cimetière. Les tombes, horizontales ou debout, pressées les unes contre les autres montent vers la maison. Impossible d'échapper à sa macabre insistance. Elle a imprégné de mélancolie, d'effroi, l'imagination des enfants qui, jetant leurs premiers regards sur le monde, l'ont contemplé sous ce aspect funèbre."(Robert de Traz).
Au rythme de l'horloge familiale dont on entend le tic-tac dans le profond silence de la maison trois fillettes et un jeune garçon inventent des histoires d'où la violence n'est pas exclue. On est là dans la fiction pure qui camoufle la banalité du quotidien, la rigueur du cadre et l'absence d'une mère, quand le père, un austère pasteur, n'offre que la lecture de la Bible comme dérivatif.
Trempés dans la fiction, les sentiments les plus violents, les  plus destructeurs peuvent s'épanouir et s'incarner dans des personnages. Ce seront ceux qui se déchirent au nom de l'amour dans Wuthering Heights.