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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 28-07-2011 à 10:56:38

Le collage de Prévert au Guignol.

Le collage de Prévert se distingue par une attaque plus directe de l'image appelée à s'intégrer dans une autre, sans le souci, comme chez Max Ernst, de créer une liaison qui donne plus d'unité à l'ensemble, un côté lisse qui est vertigineux quand on pénètre dans l'oeuvre. Le passage est brutal, agressif et relève d'un humour plus théâtral. Il y a un esprit guignol dans l'anecdote.
Jeu de masques, mascarades, et gaudrioles, l'homme est malmené avec une bonne humeur, une santé qui relève de l'esprit d'enfance qui est l'un des traits propre à l'univers de Prévert dans son ensemble, et naturellement dans sa poésie, spontanée, proche de la chanson (et si merveilleusement adapté à elle).
C'est souvent la confrontation de l'homme avec le monde animal, la prédominance de celui-ci, mais sur un ton jovial (on n'est pas dans l'espace de l'épouvante animale comme chez Lautréamont).
Parfois un clin d'oeil par rapport à une oeuvre classique. Une manière bien à lui de la revisiter, sans le caractère intellectuel et le jeu de code d'un Marcel Duchamp (la Joconde), et même  une façon de laisser aller qui est plutôt une gifle vis à vis des rapports conventionnels et respectueux que le public entretient avec l'oeuvre du musée.
C'est un collage "à l'arraché". Chez les autres le collage est intimiste (Max Ernst, Bucaille), chez lui il joue de la grosse caisse.