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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 28-07-2011 à 11:02:07

Prévert et le graffiti

Il est sorti de sa chambrette sous les toits, le voici dans la rue. C'est le poète selon Jacques Prévert. A la rue il emprunte ses courants d'air et ses chansons, ses mots perdus et ses figures déclassées. Il n'est pas chroniqueur encore qu'il en a la verve, le goût du détail qui tranche, impose, va définir une figure.
L'oeil (l'oeil de Prévert, c'est comme celui de Brassaï ou de Picasso, un phénomène hors du commun) ouvert, non sur ses intimités tourmentées mais sur la vie, ses accidents, ses incongruités, ses singularités (on peut trouver du singulier dans la situation la plus ordinaire :  le petit bruit de l'oeuf dur sur le comptoir pas exemple).
Qu'on le confronte à Doisneau, un compère en errance dans les quartiers populaires, les rues dédaignées par les touristes, et l'on  a le ton, les sujet, le goût (en commun) du quotidien qui "fait icône". On va s'y référer par la suite. Dans sa franchise d'expression (il est significatif que l'on compare un poète à un photographe !), la promptitude de l'instantané, voici le monde du commun habillé pour durer. D'ailleurs il entre, fanfaron, dans les manuels littéraires, la chanson populaire, notre mémoire collective.
Un mot encore, à propos de mots justement, ceux qui fleurissent sur les murs, sont un cri, une prière, un aveu, quelque chose qui sort du plus fort, du plus intime, de plus essentiel pour celui qui se livrera à ce qui est maintenant un art : le graffiti.

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