Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 31-07-2011 à 11:13:39
Le bonheur triste de Seurat.
L'apparition de la photographie va décidément bouleverser la manière de peindre.
Si Toulouse-Lautrec est encore dans les délices de la transcription graphique du monde, en se donnant cette liberté qui est comme une signature, une manière d'imposer sa vision, Seurat remet en cause une technique qui s'est selon lui sclérosée. Partant de préceptes scientifiques qu'il aura soigneusement étudié, le voilà peignant par un jeu de petits points qui, rapprochés, recréent l'image du réel dont il s'inspire. N'est-ce pas d'ailleurs le principe de l'image télévisée !
Ses sujets sont les mêmes que ceux de Toulouse-Lautrec. Salles de spectacles, silhouettes de femmes confondues avec leur manière de s'habiller. Un Paris de bastringues et de fêtards, de filles faciles, et une immense solitude pour couronner le tout.
Le cirque, l'orchestre, et tout le clinquant des musiques qui réunissent les badauds et trompent les esprits. Distillant un bonheur triste, et morne jusque dans l'expression.
Il étale de vastes visions figées et comme hiératiques. Figures d'un monde pétrifié dans ses clichés. Même la promenade est morose (l'île de la Grande Jatte), même la fête est amère. Toulouse-Lautrec l'exprimait par la fébrilité du trait, une jubilation agressive, Seurat dans la manière même de la dire. C'est comme un film qui serait arrêté sur une image, un plan fixe, dans une histoire qui nous reste à inventer.
Commentaires
Compliments pour la photo du jour et bonne continuation.....
Jakin,