Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 31-07-2011 à 12:03:03
Dubuffet croque Bertelé.
Plaidoyer pour un portrait.
Est-il ressemblant ? C'est la question que chacun se posera puisqu'il revient à un portrait de ressembler à celui qui en fut le modèle.
Mais la ressemblance a plusieurs niveaux. Plusieurs lois.
Si elle vise à la stricte vision qu'on a de celui qui a "posé" pour son exécution on s'en tient à une idée reçue. On n'est jamais tel qu'on paraît à l'instant donné.
D'ailleurs, même la photographie nous joue de drôles de tours, quand, découvrant le cliché d'une prise photographique, on ne se reconnaît pas d'emblée. Différent parfois de celui que l'on croyait être.
Tant et tant de choses nous façonnent dans le secret de notre être (et souvent à nos dépends) qu'il est bien difficile d'atteindre le point le plus juste.
Voici René Bertelé, homme discret s'il en est. Cette discrétion elle nous saute aux yeux devant le dessin de Dubuffet.
René Bertelé, dans la vie, homme qui glisse sur le réel, la tête ailleurs. I
Un arrêt sur image pour le mieux connaître : Il est au restaurant. Seul. En mangeant il est tout à la lecture d'un livre posé, au risque de choir, entre une carafe et une assiette. On dirait un personnage de roman ( Bove, René Jean Clot, ceux qui vont au bout de leur vision).
On est dans les parages de ce qui fut la galerie de Fleurus, l'une des plus captivantes dans les années 60, quand elle y exposait, outre Dubuffet, les artistes de Cobra, Christoforou, Jorn, tous portés à creuser leur modèle jusqu'au fond de leur propre nature donnée en pâture au peintre qui révèle une identifié enfouie, secrète, pas toujours flatteuse, mais qui remue au fond de chacun et l'anime.
En somme on est dans le monde de Bertelé. C'est celui que nous montre Dubuffet.