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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 31-07-2011 à 17:44:38

Paul Morand et la modernité.

Nous étions quelques uns (ce n'est pas Bernard Delvaille qui me contredira) qui portions à Paul Morand un admiration que ne ternissaient pas ses ennuis politico-judiciaires qui suivirent la guerre et le forcent à se réfugier en Suisse. `
C'est d'ailleurs des bords du lac Léman qu'il m'avait, à la sortie, au Mercure de France du petit  livre "Tentative pour un itinéraire", adressé  une lettre à vous faire rougir, alors qu'elle émanait justement de quelqu'un qui n'était pas étranger à la forme qu'avait pris ce petit ouvrage. Il s'y reconnaissait, ou plutôt, il y voyait un héritier et faisait l'honneur de l'apprécier.
Il se créé ainsi des sociétés secrètes où fleurissent des adhésions, des reconnaissances, des complicités qui assurent le déroulement des générations.
N'est-ce pas l'occasion de rappeler cette formule donnée par un philosophe : " un livre en engendre un autre, il est lui-même l'écho d'un précédent".
Et le club des fervents de Paul Morand était le même qui adoptait pour en célébrer les vertus (et les charmes), un Léon Paul Fargue, surtout quand il s'affichait le "Piéton de Paris".
En commun, ce goût de l'errance urbaine, une fascination pour la modernité qui s'y déploie et y trouve le terrain de ses plus évidentes conquêtes.
Pourtant, le temps a fait son ouvrage, et sans rien perdre de l'admiration qu'on lui portait, il est venu le moment de remettre en cause, cette obsession  de la modernité qui a ses vulgarités quand elle occupe le terrain et gagne la partie.
N'avions nous pas commis l'erreur,  dans les années 60, avec Martial Raysse, de décréter que les grandes surfaces étaient les cathédrales de notre temps.
Oui, mais on prendra nos distances avec les objets du culte. Ils  pourrissent notre monde, nous conduisent vers notre perte.
Il est des cathédrales qu'il faut savoir déserter.