Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 04-08-2011 à 12:27:36
Nadja rencontre Jacques de Molay place Dauphine.
Piéton de Paris, Gérard de Nerval donne, ici et là, et même dans la rythme de ses récits, des souvenirs, des notations, de ses errances urbaines.
Dans "La main enchantée" il vante la beauté majestueuse de la Place Royale (des Vosges), et passant à la place Dauphine, il précise : " Il est une autre place dans la ville de Paris qui ne cause pas moins de satisfaction par sa régularité et son ordonnance, et qui est, en triangle, à peu près ce que l'autre est en carré. Elle a été bâtie sous le règne de Henri le Grand, qui la nomma place Dauphine, et l'on admira alors le peu de temps qu'il fallut à ses bâtiments pour couvrir tout le terrain vague de l'île de la Gourdaine. Ce fut un cruel déplaisir que l'envahissement de ce terrain, pour les clercs qui venaient s'y ébattre à grand bruit, et pour les avocats qui venaient y méditer leurs plaidoyers : promenade si verte et si fleurie au sortir de l'infecte cour du Palais."
André Breton prend le relais : "Cette place Dauphine est bien l'un des lieux les plus profondément retirés que je connaisse, un des pires terrains vagues qui soient à Paris. Chaque fois que je m'y suis trouvé, j'ai senti m'abandonner peu à peu l'envie d'aller ailleurs" et dans Nadja de conter l'histoire de la fenêtre qui s'allume subitement quand Nadja, comme par jeu, l'annonce, et mise en verve par une légère ivresse, elle déclare que sous la place il y a un souterrain qui prend sa source dans les caves du Palais de justice.
Un repas d'amoureux qui prend l'allure d'une séance de voyance.
Le lieu est chargé de mémoire. Chardin y accrochait aux arbres ses tableaux dans ce qui était alors une sorte de marché ouvert à tous les vents.
Mais plus lourde et menaçante, la violente imprécation de Jacques de Molay, depuis son bûcher, (sur l'ile aux Juifs devenue le charmant square en figure de proue de l'Ile de la Cité), alors que Philippe le Bel, depuis les fenêtre du Palais, contemplait le spectacle.
Quant à moi, passant place Dauphine, c'est cette menace, cette flamme dévorante qui m'étreint. Lieu maudit, les repas d'amoureux ne peuvent y être paisibles.
Commentaires
Maudit, dîtes-vous, lieu que la flûte traversière dans la chanson de Dutronc rend plus joyeuse , pourtant, "à cinq heures, Place dauphine"....
Kenavo du site toujours pas si estival, grosse pluie ce matin... Le ciel vous tienne en joie, malgré vos émois...