Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 08-08-2011 à 11:02:41
Zlotykamien au pied du mur.
Sa notice biographique affirme qu'il peint aujourd'hui ses "éphémères" dans toutes les villes du monde et il a une exposition à la fondation Cartier, ce qui est, aux regards d'une tranche assez large du public des amateurs d'art snobs, une référence.
Débutant, dans les années 70, il peignait alors des silhouettes narquoises quoique fantomatiques sur les palissades du "trou des halles" et se manifestait dans des galeries confidentielles de la rive gauche. Mais il était unique alors à aborder cet art du graffiti (ou plutôt de sa descendance) où le spray sert de pinceau.
C'est Gérard Zlotykamien.
Il aura été l'un des premiers à s'inscrire dans cette nouvelle tendance qui veut que l'art est éphémère et que son lieu d'action, de diffusion, se limite à la rue.
Ce qui implique un nouveau contenu, des thèmes appropriés, une certaine gaucherie voulue par la hâte dont procède cette création, interdite par des lois qui protègent nos murs (le fameux "défense d'afficher"), et l'expression de la fébrilité urbaine qui est de leur nature.
Un défi aux règles de l'esthétique apprise, pensée, régulée, dont tout l'art moderne, semble-t-il n'a d'autres soucis que de les contester.
On entre là de plain-pied dans ce chaudron où fomentent les forces de la contestation artistique amorcée au début du XX° siècle.
Ce qui est à la fois une passionnante aventure mais le risque de choir dans toutes les facilités.
On accordera à Zlotykamien une authenticité des ambitions en dépit de la pauvreté du répertoire dont le mur peut être le support (si l'on excepte la peinture murale qui est une version liée à l'architecture de la peinture de chevalet, mais pitié pour les murs, nus ils sont souvent si beaux !) . L'humour, une certaine dimension de protestation sociale (que l'on pense à Daumier) et une verve graphique sympathique lui donnent raison et l'affichent dans ce courant en voie d'expansion.
L'art né dans la rue et pour elle reconduit, voilà qui accompagne nos errances urbaines. Qu'en aurait dit notre ami Léon-Paul Fargue ?