Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 08-08-2011 à 11:19:43
Max Jacob en moine.
L'avoir vu sous cet aspect c'est dire la moitié du personnage qu'il était, Max Jacob était double. Ecartelé entre deux natures contradictoires.
A Montmartre (dont il était l'une des figures majeures) il était la pitre, le clown, le bout-en-train, oui mais n'était-ce pas pour cacher quelque chose ? Un mal à vivre, cette "difficulté d'être" dont parlait (et se vantait) son ami Jean Cocteau ?
Un ami ? Cocteau l'était trop (et trop vite, de tous ceux qui émergeaient dans ce milieu où en se croisant, se défiant, mais s'alliant, les artistes et les poètes façonnaient une sorte de tapisserie qui définissait l'époque, son esprit, sa force d'esprit et de génie), pour ne pas être suspect de quelque calcul promotionnel. Ce dont on ne manque pas de l'accuser.
Ami de Max : Jean Cocteau partageait alors ses errances nocturnes, peut-être ses débauches crapuleuses, mais la concurrence était forte et le jeu des influences serré.
Ce Max Jacob là avait, mentalement, l'habit d'Arlequin.
L'autre, (photo) c'est celui de Saint Benoît sur Loire. A l'ombre du clocher, sous la rigueur matinale de sa nef où il venait jouer les guides. Mais plus lui-même sans doute, dans sa chambre traitée comme une cellule (le complexe du moine).
Sa pauvreté l'enfermait dans l'exécution constante, quotidienne, de son oeuvre, entre peinture et poésie, faute de pouvoir se mouvoir dans une société dominée par la consommation.
Il arrivera un jour où créer c'est se couper du monde et de ses tentations futiles. On venait à lui comme vers une sorte de gourou.
Il distribuait des mentions, éveillait des carrières, menant la sienne avec une volonté qui était celle du pèlerin pieux.
La vérité d'un portrait est moins dans sa ressemblance que la manière de le traiter.
Commentaires
C'est avec le coeur que je vous confirme qu'on y est bien !... On m'y a pris en photo, écrivant dans ma "cellule", et sur le porche, mais l'ordi qui me fut prêté ici n'offre pas le loisir d'y placer les clichés sur mien blog, repris il y a peu, sans savoir si je vais pouvoir le continuer...Votre "déluge" du jour, il vient peut-être de douarnenez, qui fut nôtre hier, les vitres de ma chambre-océan versaient des larmes que j'observai bien tristement aussi.... Là, c'est plein soleil, je profite de lire les Pensées de Flaubert (édition d'un drôle de nom que celui de Louis Conard, Libraire-éditeur , 17, boulevard de la Madeleine, 1915 - collection : chefs-d'oeuvre de Littérature et d'art typographique (vous l'avez dans votre bibliothèque sous le regard de Kafka ?) )....
Merci pour cette précision. J'aime beaucoup Saint Benoît. On doit être bien à l'ombre de cette belle église. Ici la pluie fait des rafales qui cognent aux carreaux. L'énergie de l'enfer vient jusqu'à nous. Bonne journée.
ah oui, bien sûr, Saint-Benoît.... Je ne reviendrai pas sur le fait d'y être allé, mais savez-vous que les invasions normandes de 913 ont été fatales aux monastères bretons, chassant ainsi les moines qui emportèrent manuscrits et reliques jusqu'en Grande-Bretagne et...à Saint-Benoît-sur-Loire ?.. Perte des savants et des manuscrits qui vidèrent ainsi les Abbayes d'ici !
Le ciel vous tienne en prière et joie !