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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 12-08-2011 à 10:16:49

Dormeuse de Frederic Leighton

Epoque guindée dans la respectabilité, l'ère Victorienne n'offrait pas aux peintres de grandes chances d'exprimer les excès de leurs fantasmes féminins.
Pourtant certains, comme Frederic Leighton, parviennent à aborder le monde de la femme en sortant des conventions mythologiques qui la figeaient dans les rôles  de déesses quand femmes elles voulaient être dans les dimensions charnelles qui faisaient à la fois leur charme et l'enjeu de leurs dérives.
Choisissant de les saisir dans les temps morts de leur vie sociale ( dont on ignorera tout) et lorsqu'elles s'abandonnent à leurs instincts, leurs faiblesses, et naturellement dans le temps de repos qui permet de les scruter sans qu'aucune comédie n'interfère, elles sont "au naturel".
Encore qu'à sa manière de s'abandonner au sommeil  on dénonce son temps, sinon sa classe.
Et c'est bien le charme de cette oeuvre si convenable (le peintre sera anobli) qui livre la femme dans son identité encore pudique  et les grâces qu'on lui reconnaît, soulignant une sensualité tranquille et paisible.
On est loin (en Angleterre) des convulsions érotiques des Viennois (Egon Schiele), sans que l'oeuvre soit pour autant dénuée de toute lascivité.
Le jeu des drapés, le rôle prépondérant de la lingerie, ces complices  étroits et inventifs de la sensualité féminine, contribuent largement au climat d'abandon du personnage enfermé dans son rêve et pourtant si vivement exposé.