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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 14-08-2011 à 14:00:57

Ambroise Vollard, l'aristocratie du marché de l'art.

Né "aux îles", Ambroise Vollard (1868- 1939) était venu à Paris pour poursuivre des études de droits, mais la passion de la collection, (de peintures) le conduit tout naturellement à devenir marchand.
Il apparaît sur le marché au moment même où deux grandes figures de ce milieu disparaissent ( Théo Van Gogh, le frère de Vincent, et le Père Tanguy) si  bien qu'il  va faire la liaison entre l'Impressionnisme et les nouveaux mouvements.
 Il défendra Renoir, Cézanne, Degas  et bientôt Picasso et Matisse. Après des débuts difficiles et des prises de contacts multiples il s'installe 34 puis 42 rue Laffitte alors haut lieu du marché de l'art.
Il l'inaugure par une exposition Manet, ce qui donne le ton. Manet étant (il suffit de lire Baudelaire) l'initiateur de la "modernité". Par le jeu des rencontres, des recommandations, et un brin de sagacité (il n'en manque pas), Vollard s'introduit dans le monde de l'art à travers ses figures les plus marquantes : Renoir (qui fait son portrait - de même que le feront Cézanne, Picasso), Cézanne, dont l'exposition devait marquer une étape dans sa carrière. Ses contemporains réalisent comment il est novateur, et il commence à devenir une sorte de maître à penser. Vollard se place sous sa protection intellectuelle.  Bientôt c'est vers Gauguin que va son intérêt. En élargissant son champ d'action Vollard consolide sa réputation. Il se lance dans l'édition.
L'intervention de Mary Cassatt qui connaît les grands collectionneurs américains apporte la touche finale à une irrésistible ascension qui bientôt le place au sommet du monde artistique.
Succès qui le conduit à acheter, toujours rue Laffitte  près des Grands Boulevards  un nouveau local (au 6). Le lieu dispose d'une cave qui va devenir légendaire. Vollard y organise des dîners qui réunissent aussi bien Odilon Redon que Forain ou Degas, mais aussi des artistes de la nouvelle génération : Bonnard, Roussel, et des écrivains, dont Alfred Jarry, ou encore la pétulante Misia Sert qui est devenue la femme d'Edwards. Par un jeu de relais se succèdent Picasso, Matisse, Vlaminck, Derain et même le douanier Rousseau.
Comme éditeur son activité est particulièrement heureuse dans ses choix qui vont de Bonnard et Vuillard à Maurice Denis et Renoir. De ces ouvrages, l'un des plus remarquables, et qui est passé à la légende, c'est le Verlaine illustré par Bonnard (Parallèlement). Un livre "clef" dans le domaine de la bibliophilie que confortent en ses principes un Daphnis et Chloé de Longus et Dingo d'Octave Mirbeau (les deux illustrés par Bonnard)
Une production qui ne fait que s'étendre, avec pour étapes  :  Degas (La Maison Tellier de Maupassant),  Chagall (Fables de La Fontaine),  Rouault (Les Ames mortes de Gogol), Picasso (Le Chef d'oeuvre inconnu de Balzac), Braque (Histoire naturelle de Buffon), Dunoyer de Segonzac (Les Georgiques de Virgile).
Ecrivant lui même Vollard  publie des souvenirs sur Cézanne, Degas, Renoir et surtout le Père Ubu.
La figure de Vollard s'impose comme l'une des plus importantes à la charnière des XIX° et XX° siècles. Il aura su faire du commerce de l'art une activité qui pour être dépendante des contraintes du marché (et des lois du profit), s'impose comme une sorte d'aristocratie qui aura des descendants jusqu'à aujourd'hui.

 

Commentaires

saintsonge le 14-08-2011 à 16:04:19
Ce 42 rue Lafitte, c'est la "rue fontaine" de la peinture, finalement...