Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 18-08-2011 à 11:30:42
Von Stuck et la femme damnée.
La vision de la femme chez Franz Von Stuck est bien plus morbide que celle de son contemporain Klimt (ils ont un an de différence).
La sensualité chez Klimt est triomphante, ostentatoire mais comme l'affirmation du triomphe du plaisir alors que chez von Stuck, nourri des pages mythologique et bibliques, la notion du péché prédomine. La femme est attirante mais redoutable. On la classe dans la catégorie des Femmes fatales : "Il multiplie les Eve, incarnation du péché, celle-ci tenant un serpent gigantesque enroulé autour de ses épaules, celle-là, entre ses cuisses, cette autre engagée dans un tête à tête ou plutôt un corps à corps avec un animal dont les dimensions ont dû impressionner des spectateurs comme Fellini s'il faut en croire sa propre surenchère cauchemardesque dans Juliette des esprits." (Bram Dijkstra).
Von Stuck créé ainsi des icônes de la perversité qui trouvent leur crédibilité dans la référence à la Bible.
Dans un corps à corps monstrueux et fatal la femme se condamne elle-même, et par un pervers glissement des symboles, elle est en même temps, dans une image forte, l'objet du péché et sa victime.
Cette ambiguïté von Stuck l'exprime avec une certaine lourdeur iconographique qui s'inscrit dans le cadre d'une société pudibonde qui voulait "imager" le péché, et sa punition.
A comparer avec la vision que l'on peut en avoir dans d'autres cultures qui font triompher la chair, et inscrire la femme dans un monde animal bienveillant, dont elle est l'heureuse élue et non la torve complice, condamnée à se confondre bientôt avec lui, comme source de mort.