Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 18-08-2011 à 12:02:12
Adrienne Monnier par temps de pluie.
Pourquoi faut-il associer l'ouverture d'une librairie avec la pluie. Sinon que, comme les églises et les musées, elle devient un lieu de refuge pour les tristes journées d'un automne qui se glisse sur Paris et enveloppe les consciences. Alors, pénétrer dans une librairie c'est un peu comme si l'on était resté chez soi, après avoir regardé à la fenêtre et jugé qu'un bon livre vaut mieux que l'humidité toujours pénible sur les trottoirs de la ville.
Et c'était toujours un bon livre que l'on trouvait à "La maison des amis des livres" où trônait sur une modeste chaise de campagne celle qui fut un peu la marraine de toute la littérature des années 20-40.
D'un simple cabinet de lecture elle avait fait un lieu de rencontre de quelques uns des écrivains majeurs de l'époque. De Valéry (qui y fera une lecture de ses poèmes) à Léon-Paul Fargue qui en fut un peu le dieu lare. C'est là qu'André Breton rencontre Phiilippe Soupault et Louis Aragon, les mousquetaires du surréalisme. On y voit aussi, lisant un livre, discutant avec la nonchalance que le lieu excusait : Jules Romain, Ezra Pound, Walter Benjamin, Valery Larbaud, André Gide, Jacques Prévert. Et Joyce venait, quand il rendait visite à son éditrice Sylvia Beach dont la librairie Shakespeare était de l'autre côté de la rue.
Adrienne Monnier avait instauré un lieu qui jouait le rôle tenu par les Salons, sinon que le caractère mondain de ces derniers était gommé par la bonhomie du piéton qui a fait une halte. Le bonheur d'une librairie de ce type c'est aussi la rencontre.