VEF Blog

Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-08-2011 à 11:51:08

Macréau, des visages dans la foule.

Quand la peinture devient le débordement (le trop plein) de ce que la main abandonne sur la surface de la toile, entre le journal qui dit tout et le croquis qui note un trait, un détail, insiste sur une rencontre subite avec l'insolite, la vérité d'une forme, d'un visage, d'une expression.
Cette spontanéité entraîne un dédain des conventions, des usages. C'est une peinture mal élevée, et c'est pourquoi, faute de trouver mieux, on la considère du même regard que celle des marginaux.
Elle est marginale parce qu'elle refuse les conventions, s'expose sans pudeur, propose, dans le même rythme (le même tempo),  l'ébauche et une subite précision, une insistance, peut-être le sentiment d'approcher de ce que l'on recherche quand on s'est donné pour mission de confier au droit de regard ce qu'il y a de plus secret en nous,  de plus spontané.
On mettra avantageusement cette manière d'aborder la forme dans les marges immédiates de l'écriture.
C'est une écriture qui va au bout de ce que le mot évoquerait. Elle aura franchi les obstacles autant que les frontières qui se sont dressées entre le mot et ce qu'il décrit (ou suggère). Encore que Macréau soit surtout porté à s'aventurer dans le monde des visages. Toute une foule se presse dans les limites de la toile. Son agitation, sa confusion, et  comme au cinéma,  quand la caméra parfois s'approche d'une visage et semble l'interroger, (pour un peu on entendrait sa réponse) le trait se fait plus insistant. S'attarde à formuler un trait d'expression, une présence. Macréau lève des fantômes dans l'obscurité de son inconscient.