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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 20-08-2011 à 11:32:52

Lecture d'un tableau.

Pour une fois tenter d'aborder un tableau sans s'enquérir du nom de son auteur, et ne rien savoir de son histoire pour se pencher, vierge de tout à priori, sur le contenu d'une oeuvre qui est si riche qu'on pourrait, à partir d'elle, écrire tout un roman. On a le décor, minutieux et saisi dans cette torpeur qui accompagne  la fin d'un bon repas, ou marque le début d'une chaude après midi, quand la maisonnée est tranquille (encore qu'on y voit une servante penchée sur le sol qu'elle nettoie).
Le personnage principal ne peut qu'être une femme que l'on voit de dos et à son épinette attachée pour, sans doute, déchiffrer une partition que l'on entre aperçoit.
Le son doit en être aigrelet, alors que la pièce, et jusque dans son effet de perspective ample, invite à ce silence qui prédispose au repos ou à la réflexion. C'est le lieu et l'endroit des grandes pensées qu'aucun épreuves d'un quotidien vulgaire ne viendra briser ou polluer. On n'y peut qu'être serein et les spéculations d'un ordre supérieur. Est-ce dans ce genre de cadre que vivait Descartes quand il avait choisi l'exil en pays nordique.
Un  lieu de rigueur, à la géométrie tranquille et humanisée. Le jeu de la lumière (digne des meilleurs éclairagistes du spectacle) est l'élément vivant, fragile et en mouvement qui vient à la fois animer et glorifier le luxe tranquille qu'il distille.
Mais, bien qu'il donne l'impression de tout révéler, le peintre va, dans les lointains de la perspective habilement créée, poser une pointe de mystère.
Parce qu'il invente une perspective ouverte, il nous laisse le soin de finir son récit.
Peignant la tranquillité d'une après-midi "bourgeoise", ne cache-t-il pas une énigme.
Alors l'apparence de bien être, un rien lénifiant, ne serait-elle pas un leurre ?