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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 22-08-2011 à 20:54:09

Alice Ozy au lit.

Son double prénom Julie (Juliette)-Justine devait orienter son destin. A elle seule, elle incarnait, par cette dénomination, les deux héroïnes si bien typées de l'univers de Sade : figures du bien bafoué, du crime loué, soit Juliette et Justine. Et sa jeunesse et marquée par sa mise à l'écart du foyer pour ne pas gêner les amours adultères de sa mère.
Elle ne fut que galante. Et passionnément aimée. Le panel de ses amants est dominé par la figure du duc d'Aumale (fils du roi Louis-Philippe), à moins qu' on lui préfère Victor Hugo à qui elle demanda un poème pour l'immortaliser. Au père succède le fils, c'est Charles Hugo, qui, à son tour, gagne le lit de la belle infidèle.
Elle se produit sur les planches. Non sans un certain talent lui concèdent les contemporains, en général peu indulgents, même avec les femmes dont ils ont obtenus les faveurs.
Sa beauté toute de langueur aux couleurs orientales va inspirer un de ses admirateurs, le peintre Chasseriau qui la peindra plusieurs fois et gagnera la célébrité à l'avoir réussi.
Bien qu'elle ait pratiqué la même confusion (intéressée) entre amour et argent, elle n'est pas directement confondue avec les "horizontales" qui seront bientôt multiples, lancées dans le monde avec des noms à particules qu'elles vont chercher dans le ruisseau. Il suffit d'attendre une génération.
Elle entre bien dans la mythologie des femmes fatales du romantisme. Plus penchées du côté des références de l'Antiquité et de l'Orient, et femmes de harems. Quand la génération suivante, "fin de siècle", noircira l'horizon des alcôves pour en faire l'antre de la damnation et habitée par Satan.
Il y a quelque chose de clair, de lumineux, non seulement dans un carnation chaude et emplie de grâce tranquille, une notion du plaisir qui n'est pas encore marquée par le sceau du pêché mais dans un sorte de sérénité ostentatoire à l'avouer et à en faire métier.