Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 25-08-2011 à 11:40:34
Les reliquaires de Von Stuck.
Le soin apporté à l'encadrement joue comme prolongement de la peinture et non simple mise en valeur. Il va connaître une faveur particulière à la fin du XIX° siècle quand la peinture se théâtralise.
Chez Franz von Stuck il prend tout son sens et fait par égale avec la toile qui s'inscrit en lui comme un miroir, un effet de perspective dans lequel la figure prend toute son importance. Il dramatise l'action suggérée et même la plus simple des présences.
Von Stuck, bien connu pour sa vision complexe de la femme, fatale, énigmatique et bestiale, raffine dans le décor, invente de véritables architectures qui donnent à la figure ainsi encadrée une force, et, paradoxalement, une présence plus forte encore, comme si on la surprenait dans l'ouverture d'une fenêtre.
L'effet de surprise s'ajoutant à l'emphase de la mise en scène, toujours très soignée chez l'artiste, et aux nudités subitement dévoilées, et comme prises sur le fait en leur intimité.
Il sait combien est plus érotique une figure dans ses rapports avec la vêture, elle même propre à souligner un détail anatomique, suggérer des invites. La somptuosité du vêtement s'ajoutant à son rôle équivoque.
Dans tant d'éclat, un étalage d'or, la blancheur de la chair est comme un viol, une déchirure dans ce qui s'annonçait comme la simple parade d'une richesse ostentatoire. On pénètre dans une intimité en si lourd contraste avec son environnement qu'elle devient le sujet de la toile.
D'autant que, tant pas sa forme que son éclat, le cadre évoque quelque reliquaire.
Un mélange de piété et de profanation.