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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 27-08-2011 à 11:47:29

René Guy Cadou en sa demeure, c'est l'Ecole.

La saison y pousse, les lumières de l'automne déjà effleurent le ciel quand le soleil se couche, et l'odeur des cahiers neufs que l'on va bientôt ouvrir pour la rentrée des classes monte à la tête, chargée de souvenirs. Quel bonheur pour les petits écoliers de Louisfert d'avoir pour instituteur un poète.
Rien ne distingue la modeste bâtisse d'une maison voisine, sinon qu'à heures régulières,  les cris des enfants à son bord assemblés, la désigne comme l'école du village. En toute mémoire d'adulte il y a, modulés par le temps, des souvenirs de ces écoles "primaires" où l'on découvrait le monde sur les bancs et surtout dans la cour, en affrontant les autres, chacun ayant l'information qui va le valoriser.
Le préau est le forum d'un monde qui s'ouvre à de jeunes énergies émaillées de bosses et de plaies, les bagarres succèdent aux confidences, on apprend la vie à grande vitesse.
Cadou (portait-il la blouse grise qui était d'usage en son temps), à sa chaire, ouvrant d'une main généreuse de jeunes regards sur les cartes qui identifient les espèces animales. Il devait être féru de sciences naturelles.
Je gage qu'il emmenait ses petits élèves, le jeudi, vagabonder en forêt pour découvrir toutes les beautés de la nature qu'il chantait dans ses vers.
Il était du propre de l'Instituteur  (une institution) de guider ses écoliers dans les chemins si riches de la vie qui s'ouvrait à eux.
La demeure du poète autant que l'Ecole (de la République). Les cours terminés, il gravissait l'escalier qui le conduisait à son modeste logis et à sa table, sagement, avec la fidélité qui est celle de la passion, sur des cahiers, il écrivait (de sa belle écriture un rien précieuse) des poèmes clairs comme l'évidence des choses. Des mots simples, simplement assemblés pour dire le monde qu'il avait sous les yeux. Sous le signe de l'amour. Sa compagne Hélène était là, sur le divan, lisant tandis qu'il écrivait ( c'est ce que nous disent les témoins et ceux qui ont conservé la mémoire du couple)  Jamais monde poétique ne fut plus fermé sur le quotidien, et rarement plus ouvert au monde, parce qu'il était vu avec le regard de l'amour.

 

Commentaires

bluedreamer le 27-08-2011 à 18:31:09
Je suis allée à la bibliothèque cet après-midi pour chercher cette demeure ... dommage pas de demeure... j'ai pris la maison d'été du même auteur.
sorel le 27-08-2011 à 14:25:31
C'est vrai que ce Cadou là fait de grands pas dans notre mémoire.
saintsonge le 27-08-2011 à 12:23:50
Un cas doux que ce Guy

qui renaît à sa guise...

Nulle part et partout,

c'est René Guy Cadou !

Qu'on se le dise...Qu'on se le dise...