Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 28-08-2011 à 11:06:09
César compresse.
Ce devait être dans les années 55-60, au Soleil dans la tête, lors d'un vernissage d'une exposition de Gabriel Paris. Il est accompagné d'un petit bonhomme au verbe chantant (et haut) qui est sculpteur. Il travaille alors dans le sillage de Germaine Richier qui construit des personnages à partir de pièces soudées d'une gracilité un peu inquiétante, vibrante d'émotion et de mystère.
César (Baldaccini) est alors tout excité par ce qu'il a découvert du côté de Genevilliers : un chantier où l'on compresse les voitures pour en réduire l'encombrement sur les vastes terrains où en entrepose les épaves.
La fosse en ciment, les mâchoires gigantesques qui prennent la voiture en tenaille pour en faire de simple paquets de tôle froissée constitue une sorte de spectacle bien à la mesure d'une société dominée par la production industrielle. Une vision agressive qui en dit long sur nos moeurs et nos idéologies.
Le geste va devenir "créateur" avec César qui l'adopte et signe des "compressions" dont l'exposition au salon de Mai (alors baromètre de la vie artistique) fait scandale.
La formule César est lancée. On aura droit à des compressions de tout objet, de toutes tailles. L'innovation fait industrie.
C'est bien le vice de cette formule de création qui veut qu'un artiste s'identifie à travers une formule et l'exploite jusqu'à la banaliser (voir le cas d'Arman).
Autant la découverte était primordiale et sans doute décisive dans la formulation poétique de ce qu'allait être le "Nouveau Réalisme" (une critique de la société de consommation), autant son exploitation intensive ne pouvait qu'en affaiblir la portée.
En toute logique, après la compression César va pratiquer l'expansion. Une autre aventure. Il faudra y venir, y passer. Le chemin de la création contemporain est d'une grande rigueur intellectuelle. Mais il affine sa mort annoncée.