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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 28-08-2011 à 13:46:46

Piero Manzoni et son empreinte.

C'est Bernard Aubertin qui l'avait amené, ils étaient complices dans un engagement total vers des recherches  qui s'éloignaient résolument de la peinture de chevalet. En commun un radicalisme de théoriciens.
Piero Manzoni était  charmant, petit, volubile, drôle, impertinent et convaincant.
En guise des fleurs classiques il avait apporté sur un minuscule bristol (comme une sorte de carte de visite) l'empreinte de son pouce. Longtemps je l'avais placée parmi les livres de la bibliothèque et elle a dû être absorbée par un livre (mais lequel) parce qu'un jour elle n'était plus sur le rayonnage.
Depuis Manzoni est devenu célèbre et il est mort maintenant, et brandi par les historiens de l'art comme une figure emblématique de l'avant-garde. Une sorte de relais de Marcel Duchamp dont il est surtout un épigone farouche.
Son oeuvre, comme celle d'Yves Klein (qu'il admirait), est resserrée sur quelques principes qui l'enferment dans la redite mais portent en eux un message fort.
Elle participe du courant (dans les années 55-60) très important, du monochrome (le bleu pour Klein, le rouge pour Aubertin et le blanc pour Manzoni).
Pour ce dernier s'ajoutait, (fort contestée), la mise en conserve de "la merde d'artiste". Geste radical, sans doute suicidaire.
Porter la pratique de l'art vers la conservation de ce qui dans le concept de tout homme soucieux de sa dignité, est destiné à disparaître parce qu'il souligne la faiblesse humaine face à l'idéal qu'il se dessine (les dieux ne sont-ils pas de marbre ?),  relève soit de la provocation, soit d'une sorte de désespoir existentiel.

 

Commentaires

saintsonge le 28-08-2011 à 14:04:37
Cette "empreinte" a tout d'un contour de fesses, aussi..., ce qui n'est d'ailleurs pas loin des fèces (mises en boîte : drôle d'audace)....