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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 03-09-2011 à 10:21:24

Dubuffet et l'homme de peu.

On sait que non content de s'en prendre aux mots et à la forme Dubuffet se  mêle aussi de manipuler le son, et cela devient musique. Stridente, avec quelque chose comme un écho lointain de la musique arabe. Normal il connaît la fascination du désert, il l'a pratiqué, il y a peint. Dubuffet a le regard large et on n'ira pas s'en plaindre.
Alors osons dire qu'il dessine aussi avec cette stridence qui agresse l'oeil (comme l'oreille pour le son) et que l'on s'en réjouit tant elle dit l'ardeur des colères et des jouissances que l'homme de peu a tant de mal à extérioriser, sinon par le graffiti. L'homme ordinaire ! avant que Pierre Sansot en ait fait l'objet d'une pénétrante étude, Dubuffet avait cette conscience que l'homme ordinaire pense aussi, et se construit un monde.
Non seulement il s'en prend à la culture, mais il veut aller là où il semble malséant d'aller. Lui ira cherche son inspiration dans les endroits incongrus, jugés grossiers :  sur les murs oublié, dans les terrains vagues, les pissotières (Mandiargues avait là dessus des informations uniques), et sans doute avait-il raison, le musée aujourd'hui accueille comme une forme d'art l'errance de la main qui gratte un mur, le couvre d'écritures malhabiles, mais portant l'essentiel d'une souffrance,  d'un souhait.
L'art à tous les étages de la vie, depuis les hautes spéculations qui débattent de la beauté ordonnée jusqu'aux plus infâmes miasmes de l'émotion.