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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 04-09-2011 à 15:30:53

Balthus : "le regard du sourd"

S'il passe pour indécent Bathus ne l'est que sous le regard de ceux qui décriptent son oeuvre en y projetant leurs propres fantasmes.
C'est bien le charme de cette peinture distillée avec un soin précieux, une lenteur de conception (voulue), intentionnelle parce qu'elle entre dans le jeu narratif qu'elle transporte.
Narratif ? N'est-ce pas réduire sa portée que de voir cette peinture sous cet angle réducteur parce qu'il suppose une version donnée à une assemblée de personnages en des attitudes il est vrai souvent ambiguës alors que le peintre y fait passer le lent souffle des rêves profonds, récurants, que tisse la vue de  jeunes filles en action. Et indifférentes au regard d'autrui. Elles sont livrées à elles-même. Au naturel de leur tempérament.
La lenteur de la peinture, du "dire" de la toile (son récit est multiple et hors du temps) projette celui qui la contemple (on ne regarde pas un tableau de Balthus, on le contemple), dans un état étrange de suavité un peu perverse. C'est qu'il donne une couleur suave à des gestes, des attitudes qui peuvent paraître choquantes.
Il y a une densité d'émotion, de sensations traduites par des gestes "outrés", c'est comme un théâtre où sont fortes les émotions données à voir, et dans une sorte de silence ouaté.  C'est  la version picturale du " langage du sourd".
La lumière ambiante renforce cette sensation de viol du regard comme si on entrait par effraction dans une intimité.

 

Commentaires

saintsonge le 04-09-2011 à 17:55:29
oh les poses lascives ! Si DSK voyait ça , il retournerait en prison (pour voyeurisme détourné ?)...

La chambre me ravit toujours.

Comme d'une Vénus au Miroir (Vélasquez, 1651, National Gallery, Londres), ou l'intrigant Lequeu, 1793/1794, Bibliothèque Nationale de France, si vous y allez... Paris : "et nous aussi nous serons mères ; car..."

Le ciel vous tienne en paix. (surtout si vous ajoutez à votre désir d'y voir : Le Galet de Magritte, 1948, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles d'alors..; la langue sur l'épaule l'érotise à merveille...)