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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 04-09-2011 à 15:39:42

Pierre Minet et la Confession.

D'abord tenter de faire le point dans la mémoire, comme le photographe qui ajuste son objectif pour saisir une scène. C'était dans les années 60, j'étais à la recherche de ceux (nombreux) qui avaient connus René Crevel et généralement les rencontrais chez eux, avec la bienveillance de ceux qui veulent rendre hommage à quelqu'un qu'ils avaient connus.
Pierre Minet était le plus secret. C'est Valentine Hugo, je crois, qui m'avait parlé de lui, que tout  le monde avait oublié.
Rendez vous fut pris. C'était, je crois, du côté de Sèvres Babylone, un appartement bourgeois, et Minet débout m'accueillant avec un mélange de bienveillance et de suspicion. Pourquoi Crevel, et comment.
- Oui rassembler des souvenirs, des témoignages de ceux qui l'avaient connu. Parce qu'il est maintenant une figure de légende et que beaucoup de jeunes lui ressemblent. Pourquoi toujours chercher des modèles dans ce qu'on a baptisé le people. Sa vie, brisée n'est pas un modèle sans doute, mais le personnage, par sa franchise devant la vie, sa pureté de coeur, vaut bien qu'on s'y attache.

Dans une grande pièce chichement meublée, sur un divan, une femme allongée,  comme une odalisque, et restée muette alors que Minet parlait, de belle voix.
Il s'appuyait avec un mélange de nonchalance et de dignité sur une canne. La statue de sa propre mémoire chancelait .
Pourtant son oeuvre (fort mince ) n'est que la retour incessant, narcissique sur  lui-même.  Originaire  de Reims, où il jouait les Rimbaud (mais qui ne l'a pas fait, surtout en province ?).  Plus jeune que les artisans du "Grand Jeu", il les retrouve à Paris ( René Daumal, Roger Gilbert Lecomte, Maurice Henry). Et aborde la vie dans le même esprit, avec la drogue et les recherches ésotériques pour armes.
Pathétique sera son destin. De faire une oeuvre sur le simple constat qu'il ne peut en faire, qu'il est trop lourd de ses propres traumatismes pour  avoir une vue ample des choses. Empêtré dans lui-même il écrit sur lui-même, inlassablement, non sans talent et une réelle éfficacité. On le suit dans ses confidences, son épopée de poche. Est-ce qu'écrire c'est essentiellement se dire ?


 

Commentaires

saintsonge le 04-09-2011 à 17:42:16
Tiens, il eut son "mal d'aurore", votre favori du jour...

A votre question universelle, de fin d'article, je réponds pour ma part un "non" catégorique, puisqu'il y a crier (sa peine ou sa honte) dans s'écrire (ou écrire / dans l'en-crier...du Je(u)... ; pour lui : "le grand jeu !"...) / S'écrier... Plus de se ra-conter...(ou de s'inventer un autre "je"...) ; pour ma part provinciale, côté Hazebrouck, région Lilloise, j'eus "ma" Rimboilsie, uniquement en relisant entièrement l'oeuvre du Poète (aux semelles de vent) que j'enregistrais sur bande son, adoubé d'un fond musical choisi pour chacun des textes.... A nous, Rimbaud, disai-je, oh, je n'avais que 19 ans.... Je me pardonne..., "minet" que je fus....

Par contre, je méconnais l'oeuvre de ce Pierre (aux titres un peu sombre)...

Vous en fûtes enchanté ? Il convainquit votre attente ?... Ou...?...