Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 05-09-2011 à 11:55:28
André Beaudin et les poètes.
La caution des poètes a, pour toute une génération de peintres, entraîné une riche production de livres illustrés où la poésie s'ornait de guirlandes chatoyantes, de correspondances en images, car alors illustrer c'était dialoguer.
Ce fut le cas, parmi tant d'autres, d'André Beaudin.
Qu'on en juge : Geroges Hugnet (Oiseaux, ne copiez personne), Eluard (Double d'ombre), André Frénaud (Les paysans), Francis Ponge (L'Araignée), Georges Limbour (Le Calligraphe), et, ce dernier, y allant d'un imposant livre sur l'artiste, car le poète se fait compagnon du peintre et son plus lucide commentateur.
George Limbour pouvait rappeler qu'on avait, dans son milieu, qualifié Beaudin de "franciscain de la peinture". Et d'ajouter : " Il est un homme calme et réfléchi, peut-être aux terribles colères, mais rares, décemment cachées et maîtrisées. Il répugne aux ivresses, aux délires de l'esprit et du sens. Homme de grande régularité et non fervent de l'immoralisme. Sa morale est bourgeoise. Il n'aime ni la provocation ni le scandale..." .Et de souligner combien il est en marge des courants qui lui sont contemporains, ayant puisé ses forces dans la leçon du cubisme et s'y tenant, développant, modulant son principe d'architecturer une toile, de lui donner une structure solide sur quoi vient jouer la couleur. En douceur, et surtout en gammes subtiles et comme adoucies, comme pour faire contrepoids à la vigueur du graphisme qui passe de la rigueur à la tendresse en constante mélodie.
N'a-t-il pas, dans ses choix d'illustrateur, élu Virgile et Gérard de Nerval, signant par là des fraternités de pensée.
On en revient à ce rapport du peintre avec les poètes. Il y a ceux qui le choisissent et ceux qu'il choisi à son tour, pour orner d'images à leur ressemblance des textes aimés.