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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 15-09-2011 à 17:23:09

Le château-fort, lieu de l'enfermement.

Bonne feuilles d'un livre en devenir.


Aux heures noires d'un pays qui n'était encore qu'un amas de forces contraires, de tyrannies contradictoires, qu'un tissu bariolé d'ambitions, de cupidités sujettes, les unes par rapport aux autres, à de logiques suspicions ; en ce temps de catastrophes qui n'épargnaient pas les masses et venaient, pensait-on, du ciel, mais découlaient, en fait, d'une incapacité pratique à les maîtriser ;  en cette période de grands cris seulement interrompus par la mort (et la mort était inscrite dans le quotidien), le château ne pouvait qu'être fort.
Fort parce que faible était la maison, le logis du manant, et parce que le guerrier avait l'énergie de sa monture, la protection de sa cuirasse, la témérité de sa lance, l'orgueil de sa caste, et la détermination de l'aventurier.
Château fort parce que pour lutter contre les adversités il fallait s'isoler, se murer, dominer. S'élever aussi, la nature devenant complice de cette défensive absolue. On allait s'implanter au sommet des montagnes les plus escarpées, faute de se réfugier dans le ciel. C'était une réalité contre un espoir très aléatoire. Des raisons stratégiques commandaient cette situation, mais également, des motivations symboliques.
Un château-fort au sommet d'une montagne n'était pas qu'un observatoire, c'était aussi un symbole.
C'est le symbole qui, aujourd'hui, nous intéresse. Et si, pour la parade, on le festonnait d'enjolivures de fer, d'étendards qui ne furent pas avares d'exagération dans la splendeur, tel que nous le montre Fouquet, il n'était, en son ventre de pierre, d'obscurité, de terribles ténèbres, que silence et secret.
L'espace disponible, aménageable, vivable, pratique, était dérisoire en regard de cette masse architecturale qu'il supposait.  Exigeait.
Cette disproportion entre le dedans et le dehors fait glisser le château dans le registre du tombeau qui est, lui aussi, une protection contre les menaces, dont celles du temps. Le château n'était qu'une protection contre les hommes. Mais destiné aussi aux hommes qui y habitaient, s'y réfugiaient, entendaient y amasser leurs richesses, la nourriture de leur survivance, tant la hantise du siège y était tenace.
Autre similitude avec le tombeau et les victuailles destinées à la survie du mort dans certaines civilisations.
Un château-fort comptait d'immenses réserves. Plus de place pour les denrées que pour ceux à qui elles étaient destinées.
Mais plus surprenant encore l'habitude d'enfermer à l'intérieur du château, dans ses puissants soubassements, ses culs de basse-fosse, les prisonniers qu'il eût été moins dispendieux de supprimer. C'est qu'ils constituaient, le plus souvent, un autre type de richesse : une monnaie d'échange.
S'ils avaient perdu de leur valeur marchande, les prisonniers n'étaient pas nécessairement tués, simplement abandonnés à une mort lente.
L'enfermement était leur supplice. Un enfermement dans les profondeurs cloisonnées,  alvéolées du château, en ses caves superposées. Au même titre, au même niveau, que les citernes d'eau potable et les excréments.
Du ciel, où les girouettes flamboient de tout leur or au firmament, on est passé dans les ombres épaisses des enfers souterrains.
Le château-fort résume ainsi toute la hiérachie des croyances médiévales. Il est le résumé du ciel et de l'enfer superposés, du jour et de la nuit, de la vie et de la mort.
D'où l'extraordinaire pouvoir d'envoûtement qu'il exerce sur le lecteur de l'Histoire.
Il y voit, résumé, toute la cosmogonie d'un monde dont il est assurément le monument le plus parfait. Et qui, jusque dans ses ruines, conserve son pouvoir d'attraction, atteint d'une dimension onirique.
Mieux encore, ses ruines introduisent une notion d'assimilation lente, mais irrévocable, de cette masse ambitieuse à la nature. Mangé de végétation le château en lambeaux retourne  à ses origines naturelles, car il est une version améliorée de la grotte, de l'abri primitif, de l'antre des origines.
Mais ce lieu, dont la nature, la fonction, la vocation, la raison d'être est l'enfermement, se trouve abandonné au hasard des curiosités de chacun. Tailladé, éventré, ouvert, il conserve des poches cachées , des secrets qui glissent irrémédiablement dans la nuit.
Seule la nuit contenue dans le château est éternelle. La masse disparaîtrait qu'il ne serait plus qu'une poche de mystère, engloutie, et les fantasmes l'habiteront.
La version moderne du château-fort, le blokhaus, offre plus franchement cette image de l'engloutissement, car la masse bétonnée s'enfonce peu à peu dans le sol et qu'elle entraîne avec elle la scène sombre de ses salles intérieures.
Immergé, le sol de son élévation redevenu champ, terrain vague, le blokhaus (du mur de l'Atlantique par exemple) est à l'image d'un immense et dément vaisseau englouti dans les profondeurs d'un noir océan. Sa poétique est abyssale. Le château-fort nous a entraîné dans des rêveries aquatiques.
C'est que l'eau est sa complice.
S'il est bâti dans une vallée, un terrain qui n'est pas surélevé et par le fait même en manque de défense naturelle, on aura recours aux douves.
Ruban d'eau profondément enfoncé dans une tranchée qui ceinture le château.
Pour le franchir, un pont, dont on peut "jouer", actionner la position, et que parce qu'il est étroit, surveillé, mobile, implique que tout franchissement est nécessairement celui de l'initiation.
D'ailleurs n'y utilise-t-on pas le mot de passe ?  
 

 

Commentaires

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Amitié Nanou