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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 22-09-2011 à 11:37:45

Entretiens avec D.H. Kahnweiler.

Il a la tête de son style, une rigueur toute allemande, et son parler a cette rugosité adoucie par une élégance naturelle. Il témoigne d'une certaine classe, qui le différencie d'un Aimée Maeght (autre marchand d'importance) qui déballait un arrivisme puéril de nouveau riche.
Ses  Entretiens avec le journaliste Francis Crémieux ont le mérite de tracer à travers l'histoire de sa carrière de marchand de tableaux, celle d'une époque, allant des années 1907 à 1960.
Sa galerie, respectivement rue Vignon, rue d'Astorg et rue de Monceau, aux abords verdoyants du parc Monceau, est mêlée étroitement à l'émergence du cubisme avec en figure de proue Picasso dont il sera l'un des défenseurs et cela à l'époque où ce dernier peignait "Les demoiselles d'Avignon" oeuvre charnière dont la réception fut des plus problématiques.
Kahnweiler s'est donné totalement à la défense de cette oeuvre difficile (j'ai le souvenir de conversations avec lui où il s'emportait  en en invoquant le souvenir tant il s'identifiait elle). Sa carrière s'amorce avec la défense de Derain, Vlaminck, puis bientôt se développe avec Elie Lascaux, André Masson, Beaudin.
Gaston Louis Roux, qui sort des rangs, est jugé fort durement par lui, et son regard sur la peinture abstraite, qu'il estime strictement décorative, rejoint celui de l'homme de la rue, obscurantisme qui étonne et déçoit chez un homme de cette qualité.
Comme instrument d'information l'ouvrage est capital parce que de "première main" avec le laisser aller d'une conversation, des chutes de tension, des complaisances, comme quoi tout entretien radiophonique est difficilement transmissible dans l'espace du livre.
J'ai souvenir d'une expérience identique avec des entretiens conduits avec des personnages de cette époque (Gabrielle Buffet-Picabia, Roland Dorgelès, Miro, Man Ray, Ribemont-Dessaignes, Papazoff, André Masson, Sonia Delaunay) dont on voulait faire un livre, s'apercevant alors que le texte audible devenait confus et quasi illisible. Quand il fit ses "Entretiens avec Andre Parinaud", André Breton prudemment exigeait qu'ils soient écrits. Mais, à l'écoute, ils perdent toute spontanéité, comme quoi il s'agit là de deux registres totalement différents.

 

Commentaires

472481 le 22-09-2011 à 12:36:39
Bonjour Sorel,

j'aime beaucoup ce tableau même si sont expréssion est dure et austère mais dans les yeux il y a un je ne sais quoi.

Un article un peut dificille à lire pour moi mais instructif.

Amitié Nanou
la petite fee du jeudi. le 22-09-2011 à 12:10:19
joli cours de lecture...merci