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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 25-09-2011 à 12:16:51

Patrocle à Versailles.

Ce ne peut qu'être une fiction.
Les faits avérés : on est le 5 octobre. Il pleut. Venues de Paris, une cohorte désordonnée de femmes exaltées par quelques meneuses (on dit, mais c'est contestable, que Théroigne de Méricourt était l'une d'elles ) s'acheminent en direction de Versailles, afin d'aller exposer au roi leurs problèmes.
Des femmes, en masse, mais aussi des hommes, et non des moins déterminés.
En voici un, remarquable par sa haute stature, il a pour métier d'être "modèle" pour peintre. Sa belle anatomie s'y prête. Il se nomme Nicolas Jourdan.
Lors de l'assaut (au matin du 6 octobre) contre le château de Versailles, il répond avec violence au tir d'un garde du corps qui tue un assaillant.
Alors Nicolas "n'écoutant que son courage" se précipite sur l'armée des suisses et tranche la tête de deux d'entre eux qui défendait l'accès de la chambre de la reine.
Un témoin précise " cela déclencha une joie barbare parmi cette horde sauvage, les uns trempent leurs mains dans le sang de deux gardes écorchés et s'en frottent le visage, d'autres dansent en chantant autour de leurs cadavres".
Modèle de peintre dit-on.
Le voici, exposant son anatomie. Ce peut être au Louvre où J.L. David a son atelier (dans la partie non encore terminée du bâtiment de la colonnade, voulu par Louis XIV). Tant bien que mal, dans un jeu d'échafaudages, de panneaux mobiles, on avait construit un espace où David pouvait déployer sa mégalomanie, et exercer son art de pédagogue d'une nouvelle peinture toute entière placée sous le signe du classicisme. Nicolas Jourdan, assassin à Versailles, devenait Patrocle sous le pinceau du maître. L' héroïsme, en période de crise, a "bon dos".