Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 25-09-2011 à 13:40:34
Antoni Tapiès au fond du trou.
Pourquoi Tapiès nous a fasciné et pourquoi au déchet il retournera.
On l'a vu émerger brusquement de l'influence de Paul Klee dont il explorait les espaces enchantés mais où planait une sorte de menace (la vie de Klee exposée aux forces montantes du nazisme et son replis en Suisse pour y échapper).
Peu à peu l'écriture, (le graffiti) occupait l'espace et les vagabondages de la main qui griffe, proteste, et se confronte à la matière qui, à son tour, vient en marées successives s'entassant et laissant comme sur la plage les plissements d'une mer qui s'est retirée, en ondes lourdes.
De la matière ne vont pas naître des formes idéalisées de la réalité mais l'homme dans sa nudité grossière comme aux premiers jours de la création. C'est dans un état de borborygme qu'il apparaît. Comme si peindre c'était malaxer la matière pour lui arracher un souffle.
Intervient, de plus en plus accusé, un jeu de fléchage, de balisage, qui tente de cerner, de mieux définir dans l'espace de la toile, cette montée des profondeurs.
Procédé qui fascinait alors (on est dans les années 60) quand la peinture se cherchait de nouvelles définitions, affrontait la matière, pour tenter de lui arracher ses secrets.
Mais on a toujours pensé que l'art c'était la mise en perfection des forces de la vie, son idéalisation, et non le simple constat des dégénérescences de la société (l'art expressionniste) ou du règne de la matière pour elle-même, serait-elle frémissante d'une aspiration à la vie, d'un passage vers de nouveaux territoires.
Avec Tapiès (et une grande partie de sa génération) on est dans la complaisance devant le magma qui précède la création, et ce puissant retour vers les origines peut étourdir l'esprit un temps, mais la volonté d'en sortir vient au secours des pauvres naufragés que nous étions.
D'ailleurs n'est-ce pas la raison pour laquelle l'art aujourd'hui est comme bloqué devant un mur, et qu'il nous laisse sur notre faim.
Commentaires
Le Figuratif de la négation à la Jean-Paul Riopelle, que ce Tapiès m'inspire, soudainement, les mosaïques du lyrisme et de l'image... : un trompe-l'oeil de la matière, du Burri aussi...dans l'informel !