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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 11-06-2008 à 12:39:49

Proposition pour un jardin.

Propositions pour un jardin. Autre manière d'annoncer par le biais d'une exposition de peinture, l'approche du jardin dans ses aspects les plus secrets, les plus inattendus. Là encore il y eut la rencontre de personnalités fort différentes car l'enjeu voulait qu'il en fut ainsi. On ne voulait pas illustrer un courant artistique, ni défendre une "école", mais jouer de la force suggestive de chacun de ceux qui y participaient, pour composer un paysage avec sa diversité naturelle. Et me voici au coeur d'un jardin. Ample, chargé de végétations un peu sauvage qu'on s'était bien gardé de domestiquer, de freiner, laissant à chaque arbuste le plaisir de s'étendre à sa guise, de se mêler à son voisin. D'où cet amalgame dense de branches qui se chevauchent s'emmêlent et formulent une certaine idée de la nature à ses origines. Encore que l'ordre en soit aussi, ça et là, signifié par la tonte des herbages jouant à la pelouse sans en avoir la raideur et la sécheresse, et retrouvant le charme frémissent des bords de route que l'on fauche en ce moment pour donner un peu d'harmonie à ce qui, abandonné aux caprices de la croissance végétale, ferait penser à ces pièces désordonnées, encombrées de vilaines choses qu'aucune main un peu délicate n'aurait songer à éloigner pour donner plus de charme, une beauté instantanée, aux objets qu'on aurait conservé. Un savant dosage en somme entre vitalité sauvage et harmonie méditée. Car, ici et là, c'est une invitation à la méditation. D'où mon attrait pour ce jardin évoqué. Il ne manque pas de quelques arbres vénérables, vieux d'un siècle ou deux. Majestueux en leurs branchages où se nichent des pies bavardes, et d'inquiétants corbeaux aux plus hautes branches, les oiseaux de plumage plus séduisant et de chant plus élaboré, préférant les tailles plus modestes, une arborescence médiane. Ce qui n'est qu'un bois de miniature, et pour les regards enfantins, offre cependant des ombrages épais, des zones plus secrètes où chemine un sentier dallé. Je l'ai baptisé la Voie Appia en souvenir de cette Rome éperdue de splendeurs patinées par le temps. On peut y élaborer des amorces de promenades digestives, ou dans le seul but de surveiller la croissance spontanée, furtive, de fleurs sauvages où domine la violette et le muguet.