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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 18-06-2008 à 16:54:10

Antonin Artaud dans l'urgence.

On en revient, curieusement, toujours et conduit par une nécessité que l'on découvre en chemin, alors même qu'on n'envisageait pas de s'y attarder, à Antonin Artaud. Le découvrir dans l'adolescence (mais n'est-ce pas le moment opportun pour l'aborder au mieux de sa disponibilité d'esprit), c'est assurément se munir d'une sorte de viatique que d'autres vont chercher chez Saint Exupery ou quelque littérature de bonne volonté. Tandis qu'Artaud nous précipite, tête la première, dans le gouffre de notre questionnement le plus résolu, le plus fatal. La verbe n'y est pas celui de l'apaisement ni de l'ordre de la prophétie mais de l'invective, apostrophant les dieux, en état de suppliciation pour reprendre un de ses termes.
Alors, d'emblée, tout ce que l'on va découvrir à la lumière de sa seule présence en notre pensée, va se colorer d'une sombre (et sans doute fascinante) lumière d'un autre monde (l'au-delà ?) un espace qui n'est pas de celui de l'apaisement auquel on aspire mais dans l'urgence des angoisses que l'on veut d'ordinaire occulter.
En parfait déséquilibre sur les idées reçues que l'on s'apprête à recueillir, et sur les promesses d'un monde de la cruauté (mentale), traversé par les feux vaillants de quelques grands esprits de Sade à Nietzsche, de Jarry à Van Gogh. Désormais on pensera hors des normes de la culture telle qu'on nous l'a agrémentée pour le bien social. On sera marqué au fer dans le sillage des grandes aventures de l'esprit qui défient le bien être social.
On aura été marqué par un "écrivain se trouvant, pas nature, dans le même état de folie, d'hallucination constante où tout l'effort de Rimbaud et des surréalistes est de jeter la poésie" En son coeur.