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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 19-06-2008 à 11:46:11

Clémenceau succcède à Robert de Montesquiou.

Enfant, et quasiment en voisin, j'avais visité l'appartement de Clémenceau dans la tranquille rue Franklin, presque'à l'ombre de Trocadéro. Le guide, qui était l'ancien valet de chambre de l'illustre homme politique, assurait la visite et ne manquait pas de souligner que la pendule ornant la cheminée de la chambre s'était arrêtée à l'heure même de la mort de son maître. On admirait ensuite l'étonnant bureau en fer à cheval, excessivement orné, qui supportait quelques uns de ces objets que tout écrivain aime avoir "autour" de lui pour l'aider à l'inspiration. Il y avait là les traces d'un homme cultivé, appréciant les arts et curieux de civilisations lointaines.
Le jardin auquel on accédait par un petit perron et ses douces marches un peu usées, avait pour plus bel ornement des massifs opulents de rosiers, Clémenceau, nous disait-on, aimait les soigner lui-même.
Bien longtemps après, je devais apprendre que l'endroit fut aussi habité par le fat, curieux, extravagant Robert de Montesquiou, l'homme à la canne impétueuse (elle devait l'aider, dit la rumeur publique, à se frayer un passage parmi les dames affolées qui fuyaient le bazar de la charité alors livré aux flammes, on connaît l'histoire de ce drame effroyable qui dissémina l'aristocratie de l'époque comme la bataille d'Azincourt avait touché ses ancêtres). On sait aussi que Proust, tout en l'admirant, ne se privera pas d'en faire le modèle de son abominable Charlus, ce qui suscita quelques cris d'horreur de la part de la victime ainsi désignée.
Il nous reste le portrait si distingué de Boldini pour immortaliser le personnage. On notera que le hiératisme voulu pour les portraits mondains (surtout ayant pour sujet de nobles personnes) s'infléchit ici au nom d'une grâce exquise, équivoque et surtout affectée, qui annonce le personnage et ses prestations mondaines.

 

Commentaires

ooz le 06-08-2008 à 20:15:09
bonjour ! Notre prof d'histoire avait souligné plusieurs fois au cours de ses séances, que Clemenceau tenait beaucoup à ce que l'on ne mit pas l'accent aigu sur le e.

effectivement au fil de mes lectures je le constate souvent. peut être une réponse ?