posté le 19-06-2008 à 12:01:07
Mirobolant Miro.
Miro mirobolant.
Dans le cadre d'une série d'Entretiens pour ce qui était alors l'ORTF, après avoir rencontré quelques veuves : abusives (comme Madame Kandinsky), cancanières (comme Madame Sonia Delaunay, au demeurant peintre majeur), débonnaires et fort charmantes (comme Madame Gabrielle Buffet-Picabia), mélancoliques (comme Madame Alice Halicka, autre peintre attachant qui fut l'épouse de Marcoussis et l'amie de tout ce qui comptait dans les années 20), perdue dans son passé (comme Madame André Derain, survivant dans la belle demeure du peintre à Chambourcy, et comme une sorte de princesse en son château endormi), et quelques uns de ceux qui l'ont connu (comme D.H.Kanhweiler, Papazoff, Roland Dorgelès, Man Ray (il faudra revenir à lui, "l'unique en sa demeure") Joan Miro apportait un ton particulier. Fait de fraîcheur et de grâce dansante, à l'image de ce qu'il peignait alors dans son bel atelier de Palma de Majorque.
Le voici dans l'immensité de l'espace occupé par des oeuvres en cours, il va de l'une à l'autre, mène un étrange ballet parmi les papiers étalés ça et là, et offerts à l'improvisation d'un pinceau vagabond, sautant de taches en balafres, de boucles en frissons de l'encre, où la couleur s'esclaffe, et chauffe une histoire qui échappe aux mots, un poème qui transcrit l'émotion recueillie l'instant d'avant, ou quand le matin le peintre va, sur la plage, à la recherche de galets qui l'inspirent. On les retrouve, alignés sagement le long des murs de l'atelier. Ils font un drôle de chemin espiègle et trépident. Miro raconte sa promenade avec des couleurs et des formes venues de la nature. Il s'est inventé tout un paysage faramineux autour des chevalets posés un peu au hasard, comme des obstacles sur un parcours, à moins qu'ils ne soient des relais.