Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 10-07-2008 à 18:27:51
Le 4 juillet le dormeur du Val s'appelle Robert Desnos.
Le 4 juillet le dormeur du val s'appelle Robert Desnos
Ce siècle n'avait pas d'âge, que la promesse d'en avoir et la virginité qu'il perdra bien vite. Dans ce quartier des Halles qu'il chantera si bien, imprégné du souvenir de Gérard de Nerval, naît en ce jour de fête solaire, le petit Robert Desnos, dont le père est mandataire pour la volaille et le gibier. Dans la rue Saint Martin flottent les odeurs croisées et entêtantes des fruits et de boucherie, joyaux de ce "Ventre de Paris" qu'avait chanté (avec une fougue forcée et un souci de vérité qui l'écrasait), le bon monsieur Zola qui avait passé là des nuits, carnet en main, à observer le mouvement.
Robert Desnos sera plutôt de la race des errants, nez en l'air et regard malicieux, mais bientôt mélancolique. C'était son romantisme à lui.
On le verra vivre jusqu'aux risques de s'y perdre les fameux sommeils préconisés par André Breton et qui permettent de vivre totalement ses rêves.
N'est-on pas là, justement, dans le voisinage de Gérard de Nerval qui confondait rêve et réalité au point d'y perdre la raison.
On ne peut se promener autour du Centre Beaubourg, plaqué sur ce quartier encore médiéval en quelques unes de ses parties les plus secrètes, sans penser au Robert Desnos des nuits illuminées par la magie des mots
Il donne à la poésie ce ton inimitable qui tient de la ritournelle et du rébus, qui se joue des sensations par pudeur et se risque dans les zones non balisées du rêve.
Le surréalisme s'incarne en lui plus qu'en tout autre. Mais son tragique destin lui donne l'allure d'une sorte de martyr. Né pour la poésie il est mort pour la liberté.