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Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
 
posté le 17-07-2008 à 11:57:29

Le service des promenades (au pays de La Fontaine).

Le Service des promenades.

Une enfance très encadrée, les rites quasi militaires qui qualifient les sorties des pensionnaires de "l'ancienne école", donnent une idée très organisée de la promenade qui est alors purement hygiénique. L'adolescence s'invente des circuits de fantaisie, ce sont ceux qui balisent une ébauche de vie amoureuse. La promenade du retraité, souvent solitaire, répond plus à une quête parfois nostalgique des lieux qui marquèrent une vie. Elle se gonfle  de souvenirs.
Le service promenades fonctionne bien à tous les étages et pour toutes les bourses. Au catalogue, celles qui se glissent dans le sillage d'une pensée, d'une aventure, d'un destin, d'une oeuvre qui s'y est accomplie, qui les a nourrie et peut-être en sont-elles le reflet. D'où l'attrait de celles qui nous conduisent "sur les pas" des grands hommes dont nous chérissons la mémoire.
En voici une, des plus charmantes et fort aisée, laissant toute liberté à celui qui l'entreprend de s'égarer dans les marges, de fouler les bas-côtés de ce qui après tout n'est qu'un sentier courant à travers bois et prairies, donne quelque splendeur et grandeur de forêt à quelques modestes bosquets bien fournis de ce feuillage qui frémit à notre approche, et se fait familier à celui qui sait l'apprécier.
Je veux parler des promenades sur les sentiers de La Fontaine.
C'est un pays de doux et soyeux vallons, ici le cours paresseux du Petit Morin dessine un chemin d'eau capricieux où courent le castor et d'autres petits rongeurs qui font des bains de bons entre rivage et courant pour construire leur maison.
Des sentiers naissent timidement aux bords des routes départementales. Ce sont ceux des chasseurs qui l'ignorent sans doute, autrefois La Fontaine les empruntait pour exercer son métier. A cheval, allant de fermes en hameaux pour rendre une sorte de justice sommaire jouant sur des arpentages, des querelles de clochers et comptabilisant les impôts en nature. Pas de quoi y perdre son latin et le temps accordé de suivre d'un oeil malicieux le saut du lièvre et la démarche pesante de la tortue, ou encore, levant les yeux vers les ramages, s'inventer des petits drames humains tant la gente animale retrouve (ou annonce) nos bizarrerie de caractère, nos faiblesses et notre mauvaise nature.
En somme une promenade philosophique à bon compte, même si on n'a jamais lu un livre de philosophie.