Titre du blog : lettres de la campagne
Auteur : sorel
Date de création : 17-05-2008
posté le 12-08-2008 à 14:17:29
Dali sans panache.
Dali et son panache.
Peu d'artistes ont suscité autant que lui des haines féroces. On ne pouvait invoquer son nom en présence d'André Breton (c'est lui qui avait inventé le si brillant anagramme "avida dollars") sans s'attirer alors des insultes, et Philippe Soupault n'était pas en reste, y ajoutant un mépris tout aussi virulent à l'égard de Cocteau. Il m'avait publiquement félicité dans une émission de télévision d'avoir osé, dans un article du journal "Arts", traîner dans la boue ce faciste guignolesque et dont le "génie", que nul ne contestait, n'excusait pas qu'il donne au public une image décadente de l'artiste, voire irritante et provocante. Ce qui ouvrait la porte à toutes les mystifications (à l'égal de Duchamp dont, en revanche, le caractère acétique jouait tout entier pour sa crédibilité). Nombreux furent ceux qui confondant excentricité et talent, jouèrent sur le registre de la provocation gratuite, la mise en marge d'un comportement comme expression d'un talent, et bientôt, comme simple justification de l'acte artistique. Ce sont de telles attitudes qui ont précipité l'art dans l'état de décadence dans laquelle il se trouve aujourd'hui. Dali par l'intervention du personnage et sa substitution à l'oeuvre, et Duchamp ( à son corps défendant) en pensant qu'il suffit d'avoir la même attitude de refus qui fut la sienne pour enrichir l'évolution de l'art actuel. Ce qui était vrai pour lui ne l'étant pas pour un suiveur. D'ailleurs la force même de ses choix (de ses attitudes) conduisent l'art à une impasse. Quant à Dali il a privilégié le panache à la réflexion, et la provocation à la création, étouffant celle-ci sous celle-là. Et tout le monde n'a pas l'habileté du peintre Dali dont on peut apprécier l'oeuvre en négligeant la personnage.
Commentaires
Très bonne reflexion, où en est l'art aujourd'hui ? Dans les mains des marchands ? Bon, bonne journée, Damien